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Violence en bibliothèque : appel à témoignages


SandraJ

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Bonjour,


 


élève conservateur des bibliothèques en formation, je travaille à un mémoire ayant pour sujet la violence en bibliothèque. Pour ce faire, je suis à la recherche de témoignages de personnes (professionnels et/ou usagers) pensant être confrontées à cette violence dans leur bibliothèque. Je ne définis pas le terme de violence car je souhaite laisser la porte ouverte à la subjectivité des perceptions.


 


N'hésitez pas à me contacter si vous désirez des éclaircissements ou davantage d'informations.


 


Je vous remercie pour les témoignages et/ou pistes que vous pourriez me fournir.


 


Cordialement,


 


Sandra


 


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Valeryella Ella

Ton lien ne marche pas Ferris . C'est un peu vrai mais aussi tellement éloigné de la réalité , et de la difficulté à amener ces personnes à passer la porte ,déjà un grand pas , du coup , notre porte est toujours ouverte , ça augmente les chances !!


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Pour répondre de façon terre à terre, j'ai déjà été victime de violence dans ma bibliothèque :


Un groupe de jeunes filles "en difficultés", en foyer et tout le tralala, faisaient beaucoup de bruit au point de déranger les usagers, qui sont venu se plaindre à moi. J'ai été leur demander de faire moins fort, et je me suis fait insulter. Je leur ai demandé de sortir, et elles ont poussé la personne qui s'était plainte (un petit papi chétif), et m'ont menacé de me "casser les dents". J'ai appelé une collègue, on a mis 45 min à les sortir, appel à la police municipale, on a du faire sortir le papi par derrière car elles l'attendaient à la sortie, et moi je n'étais pas tranquille non plus car elles m'ont assurés qu'elles m'attendraient dehors. Il n'y a pas eu de dépôt de plainte je crois, le papi a eu trop peur que ça lui retombe dessus, et moi on m'a "encouragé" à ne pas le faire.


 


J'ai travaillé dans des endroits où on ferme volontiers les yeux, par exemple un usager qui "aime les filles", qui fait du rentre dedans à toutes les femmes de l'équipe, mais aussi aux autres usagères et aux jeunes filles à peine majeures, c'était très régulier, et "il n'y a rien à faire".


 


Et surtout, quoi qu'il arrive, on ne porte pas plainte, il ne faudrait pas avoir une mauvaise publicité...


 


Idem, les classiques "je me fais suivre jusque chez moi" pour les collègues mignonnes et qui rentrent à pieds.


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On a tous à un moment ou à un autre été "victimes" de violences, plus ou moins importantes certes mais cela nous marque.


Pour ma part j'ai eu, entre autre, les cas suivants :


-Un usager que j'ai eu le malheur de contrarier et qui , semble t-il, en avait ras le bol de la politique communale, du coup il a profité du fait que je l'ai contrarié pour m'engueler sur tout ce qui n'allait pas sur la commune ! J'ai essayé de calmer le jeux en essayant de discuter pour apaiser les tensions mais ça n'a pas marché, je lui ai dit que j'appelerais le maire s'il continuait, il a continué, j'ai appelé le maire qui l'a pris au téléphone et a posé un rendez vous avec lui .... L'usager reviens régulièrement et il n'y a plus jamais eu de soucis.


-Les usagers "relous" (je les appelles ainsi) : à savoir certains hommes (eh oui je suis une femme seule dans ma bib... ) qui tente leur chance très lourdement, entre ceux qui viennent tout le temps, ceux qui m'attendent à la sortie du boulot, ceux qui puent l'alcool et qui sont assez insistant .... J'ai le choix ! J'ai appris à les repérer aux premiers coup d'oeil...


Du coup je me suis constitué une série de numéro de téléphone pour parer à toute éventualité : la mairie (avec qui on a convenu d'un mot-code), des numéros privés de collègues et d'élus si la mairie est fermée et la gendarmerie.


-Il y'a les lecteurs mécontents (les horaires pas adapté, quelque chose que j'avais mal fait...) mais là si ça touche directement le travail je gère sans trop de problème.


-Les cas bizarres : une sueur froide notamment pendant un accueil de groupe d'enfant un type vraiment bizarre est entré, il n'a pas été violent mais toute son attitude était louche, il ne disait pas grand chose mais ne voulait pas partir.... j'ai fini par réussir à  le faire décamper ensuite j'ai appelé la mairie (je n'ai pas pu le faire pendant sa présence ... car je n'avais pas de téléhone à porté de main )qui ont fait le nécessaire pour ne pas qu'il recommence je sais qu'il y a eu l'intervention de la gendarmerie (le type était vraiment trop bizarre) 


A chaque fois que j'ai un soucis, jusqu'à maintenant (je touche du bois pour que ça dure) j'ai réussis à m'en sortir le plus souvent seule (à part la fois où j'ai appelé le maire) mais je fais immédiatement un rapport à la mairie. Et je garde mon portable dans ma poche.    


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Tout dépend de la drague... Parce que "non, c'est non !"


 


Nous, nous sommes "obligé" d'être deux, en animation en soirée ou en cas d'incident. Mais pas forcément pour la sécurité, c'est surtout "pour qu'il y ait un témoin".


Parfois, je ne me sens pas du tout protégé par ma hierarchie :sweat:


Modifié par Lunalithe
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je ne me sens pas du tout protégé par ma hierarchie


 


Là aussi tu soulèves un sacré problème. Quand j'ai commencé ma carrière, j'étais seul en bib et j'avais quelquefois à supporter des aigris et des hargneux qui, pour différentes raisons (en général une amende pour retard ou une remarque sur l'état d'un document au retour etc...) le prenaient de haut, menaçaient "d'aller voir le maire" etc...Comme Chloé, je fais maintenant toujours un rapport au DGS sur le moindre incident de ce genre, mais à 'époque, j'étais jeune et beau, et donc un peu con, et je gardais ça pour moi, ainsi que quelques mots fleuris que j'avais pris dans la gueule au passage... La plupart du temps ils n'allaient pas au bout, mais parfois j'avais quelques jours après un coup de téléphone du DGS à propos d'une "affaire" etc...


 


Il est très important qu'il y ait une confiance très clairement établie entre la hiérarchie (c'est le DGS qui te soutiendra ou non auprès du Maire ou des élus) et le service. Certains collègues ont eu à pâtir de l'attitude des élus la-dessus, beaucoup donnant raison au grincheux (qui en plus a tendance à exagérer les choses pour avoir le beau rôle) contre l'agent, car le lecteur est d'abord un électeur, évidemment. Certains reconnaissent qu'avec "certains", ils préfèrent ne rien dire (et donc ne pas appliquer les règles communes) pour éviter les ragots (qui ne te parviennent pas toujours en retour, mais qui font discrètement ta réputation en mairie, ce qui est encore pire).


 


Ce sont des sujets dont il faut parler avec sa hiérarchie dès la prise de poste ou dès la première prise de tête, ça permet de voir le niveau de confiance qu'on est prêt à t'accorder ou non. Par ailleurs l'insulte est une violence et tu peux attaquer. D'où effectivement l'intérêt des témoins. La Mairie sera obligée de t'accorder la protection fonctionnelle. 


 


L’administration est tenue de protéger ses agents contre :



  • les menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages, dont ils peuvent être victimes à l’occasion de leurs fonctions, et de réparer le préjudice susceptible d’en être résulté 



http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F18848.xhtml


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Bonjour,


 


merci à tous pour vos réponses. Vous aurez chacun droit à un petit MP ;-)


 


@Ferris, je n'ai pas limité mes demandes (violence physique vs violence verbale par ex) volontairement car ce qui m'intéresse c'est justement ce que chacun met sous le terme de violence. De plus, je commence à travailler sur ce sujet qui sera, je suppose, restreint selon les réponses/témoignages que j'aurai recueillis.


 


Par ailleurs, je connaissais cette phrase de Dominique Lahary sur la violence par l'institution envers les non usagers. C'est intéressant que tu y aies pensé car ce qui vient à l'esprit en premier c'est plutôt la violence envers les personnels. 


 


Enfin, je suis preneuse d'autres témoignages même s'ils recoupent en partie (ou complètement) les précédents.


 


Sandra


Modifié par SandraJ
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Bonjour,


 


Un aspect a été oublié, me semble-t-il. Il s'agit des violences inhérentes aux relations professionnelles. Il serait d'ailleurs intéressant de réfléchir à la contradiction suivante : les bibliothèques se définissent comme des lieux porteurs de certaines valeurs - humanistes, pour aller vite ; mais toutes les formes de violence, des plus ordinaires aux plus perverses, s'y déploient, comme ailleurs.


 


Il me vient une autre idée : il y a encore un aspect non envisagé de la violence, celui induit dans le dénigrement et la relégation des savoir-faire associés, souvent à tort, à des formes révolues d'organisation du travail, de gestion du temps, à des manières de faire, d'envisager le métier jugées obsolètes etc. Cette évolution, portée par la conversion au tout numérique, est source de souffrance - souvent muette.


 


Médor


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@ Medor (j'espère que tu n'as mordu personne)


 


Tout à fait d'accord avec toi sur les violences internes aux services. Deux catégories à faire sans doute la-dedans : celles qui relèvent (et sont plus ou moins protégées) du statut et du grade, inhérentes donc à tout système hiérarchique (et sans forcément tomber dans l'abus de pouvoir, qui est sanctionnable, mais en jouant simplement le rôle statutaire qu'on attend d'un encadrant vis à vis d'un exécutant) , et celles qui relèvent du simple relationnel entre personnes, éventuellement d'un même grade, et qui peuvent donner lieu à du harcèlement, allant de la simple médisance jusqu'à la mise à l'écart.


 


Exemple : je ne donne pas cher de la peau d'une chignon-lunette survivante, dans une équipe "moderne"...pas plus que de la survie d'une cheffe un peu jeunette dans une équipe de vieux de la vieille par exemple. Et on pourrait multiplier les exemples à l'infini. Sans préjuger des grades, car il est prouvé qu'une équipe suffisamment "soudée" contre un cadre, peut parfaitement "avoir sa peau", au moins de façon à lui donner envie d'aller voir ailleurs. La hiérarchie reste souvent à l'écart de ces phénomènes, qui prennent ainsi toute leur valeur de "phénomènes internes"...


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Bonjour Medor (ça fait bizarre),


effectivement les bibs ne sont pas des îlots de paix dans un océan de violence. Il est indéniable que le monde du travail est source de violence, bibliothèque ou pas bibliothèque.


Il m'intéressait justement de comparer la situation dans les bibs à d'autres services publics. Il semblerait que nos organisations portent, dans leur organisation justement, les conditions propices à la violence (à la fois celle des usagers et celle des personnels). C'est du moins ce que postule un livre édité par l'ANACT : Des services publics face aux violences (http://www.anact.fr/web/publications/NOTINMENU_affichage_document?p_thingIdToShow=1325397)


Voir aussi ici : http://www.liberation.fr/societe/2010/04/07/les-services-publics-face-a-la-violence_619447


 


J'ajoute que je suis toujours en quête de témoignages. Il y a de quoi faire comme le prouvent les posts précédents.


 


Sandra

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Bonjour,


 


Entre les deux aspects de la violence que j’ai mentionnés, il y a en a un qui n’est pas propre aux bibliothèques et concerne les organisations et les phénomènes de groupes, tels ceux mis en évidence par M. Ferris.


 


Le second aspect est, il me semble, spécifique aux bibliothèques de lecture publique telles qu’elles se pensent et se construisent aujourd’hui, dans un contexte de remise en cause et de recherche d’un nouveau « modèle » adapté à la modernité (du moins à la représentation que les voix autorisées de la profession s’en font). Afin de mieux me faire comprendre, je ferais le parallèle suivant : toute proportion gardée, eu égard au poids social dérisoire de la profession, le renouvellement des compétences, des savoir-faire et en amont des savoirs afférents qui définissaient le métier de bibliothécaire place une partie des professionnels des bibliothèques dans la situation des ouvriers de métier de la France des années 1920-1930. Ces hommes dont les connaissances, l’habileté et la maîtrise des techniques de leur métier faisaient la fierté, à qui elles conféraient une utilité sociale évidente et, par conséquent, reconnaissance et légitimité, ont été progressivement – mais, en fin de compte, en un laps de temps très court – marginalisés par l’organisation « scientifique » du travail et la rationalisation des tâches de production. Une partie de la classe ouvrière fut ainsi rendue inutile et a vécu cette relégation comme une déchéance (les conséquences de cette évolution sociale et économique ont d’ailleurs eu une énorme importance sur le plan politique). Plus près de nous, l’introduction de l’informatique a pareillement rendu obsolète le métier de typographe.


 


C’est cette même violence imposée par le bouleversement des manières de faire et de penser, et accompagnée du même sentiment d’aliénation, que semble aujourd’hui subir une partie des bibliothécaires. Pas exclusivement ceux de la « vieille école », comme une analyse à courte vue pourrait le laisser croire.


 


Arrivé à ce point, on se rend compte que les deux formes de violence envisagées peuvent se conjuguer : la violence managériale est souvent un moyen très efficace pour imposer une modernisation qui disqualifie les savoirs et les savoir-faire en place – à grand renfort d’arguments marxistes (la soumission aux lois immanentes de l’histoire) ou simplement triviaux (l’injonction d’être de son temps). (Il existe un très bon film qui décrit ce type de violence et l’impasse dans laquelle sont placés ceux qui en font l’objet : « De bon matin ». On y trouve d’ailleurs un portrait, peu flatteur, d’une bibliothécaire.)


 


Médor


Modifié par Médor
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Cher M. Medor


 


Outre que je ne suis pas très chaud pour accepter l'expression " poids social dérisoire de la profession", je le suis encore moins pour accepter la comparaison avec le déclassement de certaines catégories sociales au fil des années, pour des raisons d'inadaptation à "l’organisation « scientifique » du travail et la rationalisation des tâches de production.".


 


C'est bien mal connaître l'évolution de la profession, qui, au contraire, a su faire preuve d'une remarquable faculté d'adaptation non seulement face aux nouvelles technologies mais aussi face à la modification des missions des bibliothèques depuis environ 40 ans, façons de penser comprises. Ce n'est pas parce que la profession entend aujourd'hui, par exemple avec les thèmes du Congrès "nouveaux métiers nouvelles compétences", reposer officiellement les bases du métier (et aussi dans un souci de meilleure reconnaissance par l'institution et la société en général), que cette profession est restée totalement immobile, inerte et vide de capacités ces dernières années, au contraire.


 


La violence managériale existe bel et bien, mais par l'introduction des techniques managériales du secteur privé dans la FP, et le fait de Jouer un peu trop facilement avec les obligations du statut et la précarité montante, mais pas du tout par la disqualification des savoirs-faire en place. Reconnus comme utiles, ils ne l'ont jamais vraiment été, car notre problème est d'abord un problème de reconnaissance professionnelle, mais disqualifiés non.


 


On ne nous a jamais demandé "d'être de notre temps", aussi bizarre que cela puisse paraître. Peut-être de par ce fameux désintérêt des pouvoirs publics vis a vis de notre profession. C'est la profession elle-meme qui a cherché à toujours être de son temps, voire en avance. Elle n'en a pas pour autant reçu un plus de considération d'ailleurs. C'est moi par exemple, n'y connaissant rien du tout, qui ait demandé l'informatisation de ma bibliothèque en 1992 à des élus qui se demandaient à quoi ça pourrait bien servir  et rechignaient en regardant leur porte-monnaie, prenant ça pour un caprice. Des collègues aujourd'hui suent sang et eau aujourd'hui pour introduire le jeu vidéo dans leur bib, souvent contre l'avis des autorités.


 


Point de violence "moderniste" donc puisque c'est une exigence qui vient de nous-même. De même que ce sont les srervics de la voirie qui ont demandé à être équipés d'engins plus modernes que le balai. Mais leur fonction n'est nullement disqualifiée pour autant.


 


Au point que, c'est vrai, certains d'entre nous, peuvent même trouver que certains vont un peu vite en besogne, ceux que j'appelle les partisans de "l'illusion techniciste", mais point d'aliénation du tout. Le "cœur de métier" existe toujours. Même si l'aspect "culture humaniste" a peu à peu dérivé vers la médiation dans la société de l'information etc...et avec les outils appropriés évidemment.


 


Quand à votre modèle marxiste, il pêche par le simple fait que nous ne sommes pas dans le secteur marchand et productif. Mais cela nous emmènerait trop loin.


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Bonjour,


 


Au risque de vous froisser, vous n'avez pas compris grand chose à mon message (pour équilibrer ma remarque, je précise que certains passages du vôtre sont pour moi incompréhensibles). Mais l'essentiel n'est pas là. Dans la typologie de la violence en bibliothèque esquissée dans les précédents messages, un aspect a été oublié que j'ai rappelé, à savoir : l'acculturation que vit aujourd'hui une partie de la profession, incitée à ou contrainte de se "moderniser" ; celle-ci est source d'aliénation et est vécue comme une violence (i.e. dévalorisation plus ou moins complète de tout ce qui fondait jusqu'alors la raison d'être et la fierté professionnelles). En d'autres termes, ce qui précède est de l'ordre du constat. On peut l'interpréter comme on veut - et, au sein de la profession, l'idéologie dominante ne s'en prive pas -, mais non pas nier le fait. C'est là que la demande de SandraJ me semble pertinente : des témoignages seraient en effet un bien meilleur outil d'évaluation de la crise d'identité que vit la profession que tous les discours tenus du haut de la chaire (comme le mien, du reste). Reste à savoir s'ils peuvent être apportés dans le cadre de ce forum. Pour ma part, je ne le pense pas : les collègues qui sont poussés sur la touche intériorisent parfois le mépris dans lequel les tiennent les "Jeunes Turcs" de la profession ; ils préfèrent se taire. Il faudra donc que SandraJ aille à la pêche.


 


Bonne journée.


 


Médor


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J'allais vous répondre que vous devriez publier dans le BBF, vous y trouveriez un public à votre hauteur...


 


Mais non, tout simplement parce que le constat que vous faites n'est pas spécifique à la profession. Depuis la Révolution industrielle, quasiment toutes les professions ont été contraintes de se "moderniser", avec effectivement la part de violence que cela comporte. Et toutes connaissent, à un moment ou un autre de leur évolution, les assauts de leurs Jeunes Turcs, comme vous dites. Rien de spécifique aux bibliothèques. La révolution numérique est la dernière en date. Mais n'a pas provoqué d'aliénation. L'agriculteur qui achète un tracteur a aujourd'hui une cabine suréquipée de technologies, mais il existe toujours et fait toujours son métier. L'adaptation n'est pas nécessairement facteur d'aliénation. Quant à la "crise identitaire" que vit la profession, elle n'est pas nouvelle, elle est pratiquement aussi vieille que la profession elle-même et nous accompagne en permanence, comme un vieux compagnon de route :


 


Dimanche 22 avril 1906 : fondation de l'ABF Ses premières années d'activité (1906-1914) par Monique Lambert* La première association de bibliothécaires au mondef fut fondée aux États-Unis en 1876. L'année sui- vante, la Grande-Bretagne créait la sienne. L'Autriche faisait de même vingt ans plus tard, en 1896, la Suisse en 1897 et l'Allemagne en 1900. Le Danemark fondait à son tour une association au début du XXe siècle, en 1905, puis la France en 1906, la Belgique en 1907, la Finlande en 1910, les Pays-Bas en 1912, la Norvège en 1913, la Suède en 1915, la Pologne en 1917 (...) La grande misère des bibliothèques et des bibliothécaires en France au début du xxe siècle Les bibliothèques dépendaient pour les unes de l'État, pour les autres des universités, pour d'autres encore des communes ou des services publics, sans parler des bibliothèques spéciales comme on les appelait alors. Aucun organisme n'existait pour les regrouper et coordonner leurs activités. Elles végétaient pour la plupart, sans moyens réels leur permettant d'accueillir décemment les usagers : locaux presque toujours vétustes et inadaptés, souvent peu ou non chauffés, budgets dérisoires, manque criant de personnel qualifié et même de personnel tout simplement. Quant aux bibliothécaires, leurs conditions de recrutement, de nomination, de traitement (généralement médiocre) et d'avancement variaient d'un établissement à un autre. Le stage préalable, indispensable dans les grandes bibliothèques parisiennes avant d'entrer dans les cadres réguliers, avait une durée indéterminée qui pou- vait se prolonger souvent plusieurs années ; or, le stagiaire n'était la plupart du temps pas rémunéré (...) https://www.mysciencework.com/publication/download/2079463/dimanche-22-avril-1906-fondation-de-l-abf


 


De quelle dévalorisation nouvelle voulez-vous parler ? Nous sommes nés dans la non-reconnaissance. Et donc dans le combat. Et ça va plutôt mieux qu'avant...


 


Sandra a choisi un excellent sujet, et je lui souhaite beaucoup de témoignages concrets et utilisables entrant dans sa typologie, à condition de ne pas tenter d'encadrer le sujet dans une réthorique politique aussi large que toute l'évolution sociale du 20° siècle.


 


Et si les collègues ont du mal à répondre, c'est davantage pour des questions d'anonymat qu'à cause de leur aliénation, causée par l'intériorisation du mépris des jeunes turcs etc, etc...Rien ne vous dit d'ailleurs que ces témoignages n'affluent par MP. Ou le feront quand Sandra aura résolu cette question d'anonymat.


 


Je ne suis pas froissé par les discours qui ne viennent pas de la profession. Le vrai bibliothécaire est infroissable depuis sa naissance... :D 


 


Bonne journée, monsieur Médor...


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Bonjour,


 


Vous répondre dans le détail prendrait du temps et, surtout, nous éloignerait du sujet du forum. Mais puisque vous évoquez la révolution industrielle et ses conséquences, je me permets ce conseil de lecture : E. P. Thompson, La formation de la classe ouvrière en Angleterre. Cet ouvrage déjà ancien fait toujours autorité (il a été récemment réédité en poche). L'auteur y prend pourtant le contre-pied du point de vue fataliste et des idéologies du progrès qui dominait (et domine peut-être encore) l'historiographie, notamment de l'idée que "Depuis la révolution industrielle, quasiment toutes les professions ont été contraintes de se moderniser, avec la part de violence que cela comporte". Sa lecture permet de mieux appréhender les phénomènes de violence et d'aliénation, qui en effet, comme vous le soulignez, ne sont pas spécifiques à une profession mais qui, pour cette même raison, pourraient caractériser la situation vécue aujourd'hui par cette partie des bibliothécaires pour qui les choses telles qu'elles sont ne vont pas toujours de soi.


 


Médor

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Le terme d'aliénation est particulièrement polysémique tant et si bien qu'il est régulièrement considéré comme un concept vague car trop englobant. Il est en effet couramment utilisé à propos de divers sujets, que ce soit pour dénoncer l'aliénation ou le caractère aliénant du système capitaliste de manière générale, ou pour critiquer certains phénomènes ou institutions sociales particuliers, telle la religion, le travail, l'argent, la publicité ou la consommation... Il sert aussi souvent à désigner un état de privation de ses facultés propres ou de ses droits, une dépossession de ses capacités ou une contrainte imposée empêchant le déploiement de son potentiel, ou encore à signaler qu'une personne n'est plus elle-même, devient étrangère à elle-même, ne pense pas par elle-même, est assujettie sans en avoir conscience, etc.


Concept permettant une critique globalisante des formes et organisations sociales, à la manière des notions de domination ou d'exploitation, l'idée d'aliénation a connu un large succès dans les années 1960 et 1970, pour ensuite voir son usage s'estomper sinon disparaître, selon certains en raison même de sa perte de signification précise , avant d'être l'objet de tentatives de réhabilitation. (Wikipedia)


Nous ne sommes pas devenus étrangers à notre profession ni n'en avons été dépossédés par qui ou quoi que ce soit. Vous vous êtes donc trompé de Forum, ou d'époque. Ou les deux.


Au revoir, Médor  :hyper: 


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C'est vrai que les remarques de Médor nous emmèneraient loin.

Y a-t-il violence à vivre dans notre siècle, quand on a connu le précédent.

Peut-être pas.

Mais si on se penche sur le côté outil, on peut estimer qu'il y a de plus en plus de violences entre le fait de ne pas savoir utiliser un ordinateur et le fait de savoir. Plus encore, le fait d'être obligé d'utiliser un ordinateur pour se connecter à l'Internet, quand on n'y tient pas du tout.

Dans le cadre de notre profession, cette violence peut avoir deux ressentis.

Si j'aime les livres et qu'on me parle contenu numérique, fin du livre. C'est effectivement une violence.

Si je suis dépassé technologiquement, si je ne suis pas préparé à l'usage des nouvelles technologies, mais que les petits jeunes y sont... dois-je céder ma place ou bien maintenir mes anciennes prérogatives, même si ça va à l'encontre de ma mission ?

On retrouve ce phénomène lorsque les parents ont besoin des enfants pour faire fonctionner un appareil.

Pire, lorsque le gamin est indispensable au bon fonctionnement de l'appareil. C'est la honte !

Je peux dire que j'ai vu ce phénomène lors d'un stage Sapiens sur les blogs, où la directrice de la bibliothèque qui nous accueillait a préféré s'occuper d'autre chose, parce que ce n'était plus de son époque et qu'elle partait à la retraite avant "tout ça".

Je pouvais le comprendre, mais avec cinq-dix ans de moins, elle aurait fait comment, hormis se faire violence.

Si on part un peu plus dans ce sens, on peut aussi estimer qu'il y a violence quand on voit ce qu'il serait possible de faire avec des moyens, et ce dont on doit se contenter parce que les élus ne voient pas ces possibilités, ou ne peuvent les financer.

C'est comme toute personne qui ne maîtrise pas les langages HTML et consorts et qui constate tout ce que d'autres peuvent en obtenir. On peut envisager une part de fainéantise (qui veut peut, en théorie), mais aussi envisager une grosse part d'investissement qui est à faire, et qui coûte cher. Retour aux études, retour à la base des nouveaux outils (derrière les jeunes déjà dans le bain), lorsqu'on est parfois chef d'établissement et que l'on doit "donner l'exemple" (en théorie).
Ou même quand, plus ancien, on voit les jeunes s'emparer des projets "novateurs".

Je lis aussi beaucoup de violence masochiste lorsque j'entends : fin du livre = fin des bibliothèques.
Ou "à quoi bon aller en bibliothèque, il y a tout sur Internet".
Masochisme quand ça sort de la bouche même des bibliothécaires.


Si on se base sur le congrès de l'ABF qui se déroule maintenant, certaines thématiques sont assez "violentes".

Y-A-T-IL ENCORE  UN CŒUR DE MÉTIER ? => ça veut dire que tout ce que j'ai appris est bon pour la poubelle ?

TOUS LES MÉTIERS DOIVENT-ILS ÊTRE  EN BIBLIOTHÈQUE ?
INTÉGRER  DES NON-BIBLIOTHÉCAIRES => combien de place restera-t-il aux bibliothécaires dans l'avenir ? Demain, aurai-je encore ma place en bibliothèque ?

BIBLIOTHÈQUES ET MÉTIERS VOISINS, QUELLE POROSITÉ ? => a-t-on encore besoin de bibliothécaires à l'ancienne dans le monde de demain ?

C'est vrai, la violence, on peut la chercher là aussi.
Cependant, témoigner sur ce genre de sujet risque d'être difficile.

Comme pour toute problématique managériale d'ailleurs.

Si on vise dans cette direction.
Une recherche avec : grève bibliothèque  devrait donner quelques pistes.
Une recherche avec : syndicat bibliothèque en apporter d'autres.

Bien cordialement
  B. Majour
 

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Alors pour alimenter un peu le sujet avec des témoignages plus directs (plus de visu).

Quand ai-je vu de la "violence" en bibliothèque ?

Lorsque notre association demandait 1 euro pour frais de retard.

Violence vis-à-vis de l'usager... qui ne revenait plus d'ailleurs. (8 euros de cotisation, 1 euro pour frais de retard, ça peut faire mal au bout du compte, même si en timbres + lettre + temps, le coût était/et reste réel)

Je connais d'autres endroits où les frais de retard dépassent la cotisation.
Et où les gens portent plainte auprès de leur maire, tant le procédé est abusif.
Sont-ils revenus dans la structure ?
Non, et ils n'ont pas payé non plus.


Violence vis-à-vis du bibliothécaire, puisque perdre un lecteur ne m'a jamais fait plaisir. Et j'en ai même eu un qui a refusé de payer, avant de partir fort en colère. Pour ne plus revenir.


Violence vis-à-vis de l'usager dont le compte est bloqué. (vu ailleurs)
Gêne du bibliothécaire obligé de déclarer, pas trop fort :
- Vous savez que votre compte est bloqué ?
- Oui, oui, (regard bien triste de la jeune fille)

Violences stupides de règlements mal foutus.


Violence entre usagers. (dans ma structure)

La personne âgée qui ne supporte pas les exubérances d'enfants. (cas classique)

Ou plus intriguant, celle qui n'arrive pas à se concentrer sur sa lecture, faute d'un conte raconté par un père à son fils. Problème de tonalité peut-être, puisque le parent était un père dont la voix était basse et assez forte. (mais enfin, c'était un papa, et c'est rare d'avoir un papa qui raconte en bibliothèque), la personne âgée était aussi un homme.

Ailleurs, j'ai aussi constaté une quasi lutte devant un ordinateur, parce que l'usager débordait de son horaire. Cinq minutes.

Eh oui, quand on est sur son CV et qu'on touche au but, difficile de céder la place.
Problème de places ou de postes informatiques = violence probable.

Ailleurs encore, violence à mon encontre par la collègue dans une grande ville (où je lisais le fonds professionnel et d'autres ouvrages généralistes) :

- Vous savez qu'il ne faut pas écrire dans les livres ? :angry:
(Avec un air très maîtresse d'école.)

(Vilain, vilain garçon !) :angry:
 

Avant de prendre sa gomme pour effacer (avec colère ?) les traces de crayon.

Traces laissées par d'autres : je n'écris jamais dans un livre !!! Sacrebleu, même bénévole, j'étais bibliothécaire ! et lecteur passeur. J'ai failli l'embrasser tellement elle me faisait rire à l'intérieur. Mais aurait-elle apprécié ou considéré ce geste comme une "violence"

Je me souviens aussi de cette lettre, lorsque j'étais ado. Lettre de retard qui disait, en substance : Vous n'avez pas rapporté le polar suivant, nous allons donc encaisser votre caution de 50 FF.
Alors que j'avais rendu le livre depuis plus d'un mois, et qu'il était un rayon. Bien rangé à sa place.

J'ai été le chercher et l'ai remis dans les mains de la bibliothécaire... Avant de réclamer mon billet de caution, ce qui mettait fin, de fait, à mon abonnement.
Grosse gêne de la bibliothécaire qui s'est excusée, en me disant que c'était dommage, etc. etc.

Problème d'une fiche non remise dans le livre. Mais j'avais terminé les rayons SF et polars de la bibliothèque, et il n'y avait plus de renouvellement suffisant. Pour le reste, le CDI du lycée suffisait.  Et puis je commençais à faire le tour des bouquinistes et autres librairies, mieux achalandés dans ce qui me plaisait.
Bien sûr, je n'ai jamais remis les pieds dans cette bibliothèque. (Qu'est-ce que c'est con violent un usager ! :angel:)
 

Violences plus mordantes
Est-ce qu'il faut parler des bébés croqueurs de livres, du jeune chien qui a mangé 1/3 du dos d'un livre, ou encore du lapin ou du hamster qui se sont fait les dents sur un livre à portée, sous un lit.
Ou encore d'un livre qui a servi d'agenda scolaire pour ses pages de garde ? (Je l'ai encore :wink:  )
 

 

D'autres éléments de violence en bibliothèque.

http://www.aloumim.org.il/temoignages/bolero-etoile.html

Etais-je naïve, insouciante ou simplement inconsciente du danger ? Ce que je sais, c’est que je ne ressentais, pas encore, ni honte, ni humiliation.

Plus de soixante ans après, je me souviens avec gratitude de ces témoignages de sympathie et même d’affection. Mais, le jeudi d’après, j’ai décidé d’aller à la bibliothèque. La bibliothécaire, qui me connaissait bien et me conseillait souvent des livres, m’a regardée, moi et mon "boléro- étoilé". "Tu sais", dit-elle d’un ton sec, presque malveillant, "tu n’as plus le droit de venir ici, remets moi ton livre et ne reviens plus".

Et là, pour la première fois, depuis l’occupation, j’ai baissé les yeux, je n’ai pas pu retenir mes larmes, je me suis sentie humiliée "c’est pas juste, lui ai-je dit... POURQUOI ?


De la fausse violence en bibliothèque. Ou de la drague maladroite ?

http://www.suchablog.com/la-vie-est-belle-le-monde-pourri/
suggestion pour la bibliothécaire sadique ?
Pourquoi sadique ?

 

D'autres raisons ici

dans ce pdf : www.livre-paca.org/data/list/docs/bibmunicipalesetleurpublic.pdf (p183-184)
3. Des raisons de ne pas s’inscrire

petit morceau choisi :
Rachid réagit différemment. Il contourne sa privation de carte par l’emprunt délégué : « Je peux demander à un ami ou je peux demander à ma sœur de me prêter sa carte. » Ce propos relève davantage de la défiance à l’égard de la bibliothèque que de la description de sa pratique réelle qu’il avouera plus tard : « Ça fait bien longtemps que j’ai pas emprunté de livres. »
Sa réaction repose sur une double expérience malheureuse d’emprunt. La première remonte à son enfance : « C’était au bibliobus, on m’avait collé un emprunt et, euh, je suis sûr que j’avais pas emprunté ce livre-là. » En guise de représailles, il avait découpé sa carte avec une paire de ciseaux, puis en avait jeté les morceaux. En détruisant ainsi sa carte, lien matériel et symbolique entre l’inscrit et la bibliothèque, Rachid matérialise sa volonté de rupture avec la bibliothèque comme institution, comme le font parfois ces électeurs qui brûlent leur carte en signe de mécontentement.



Petite vengeance contre bib grincheuse ?
J'aime aussi le commentaire d'une éventuelle bibliothécaire.

 

En espérant que ça puisse servir.

  B. Majour

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@Ferris


 


Ta place, la mienne, mais mon pauvre Nanard, comment veux-tu qu'ils nous la prennent ?


 


En nous tuant ? (à la tâche, ou à l'attache ! :D )


 


De toute façon, ils ne pourront pas tuer les bibliothécaires. De l'information, il y en a de plus en plus, et des gens pour la réunir, la mettre en valeur, pour la rendre pertinente et digeste, de moins en moins. Bibliothécaire, c'est un métier d'avenir.


 


Même si le nom change un jour, la fonction perdurera.


Aucun doute là-dessus.


  Bernard


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