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De l'(in)utilité des cartes de lecteur


Thalie

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Salut du jour

(Et qui deviendra encore plus lourd à gérer prochainement avec les Réseaux qui imposeront un système unique et un calendrier unique à respecter par toutes les bibs)

Les Réseaux sont déjà en place via la BDP. (enfin, c'est la théorie :-) )
Dans la pratique, c'est différent.

Sûr que les Réseaux vont (un peu) changer les choses, et en même temps, pas tant que ça.
Unification probable du logiciel, en espérant un logiciel accessible à tous, unification et rotation d'une collection unique (?)... collection unique avec tout ce que ça implique de gestion et d'acquisition.

Pour le reste, pas vraiment de changements.
Je doute que les populations bougent plus qu'elles ne bougent maintenant.


Il faudrait que les bénévoles comprennent ça : Nous sommes "contraints" de réussir nos missions et, plus généralement d'assurer et d'améliorer nos missions de service public.

Bien sûr qu'ils/elles le comprennent... elles sont aussi partie prenante dans nos missions.

Tant qu'on ne présente pas le professionnel comme l'unique solution, tant qu'on ne les dépouille pas de leur bébé, tant qu'on ne les bouscule pas pour les virer ou pour les évincer du temps investis, des années d'investissement, elles comprennent très bien qu'il y a aussi des impératifs professionnels.

Certes, tu as des fortes têtes qui font à leur idée, et qui écrasent tout le monde. Mais c'est vrai aussi chez les professionnels. Tu as des chefs d'établissement qui arrivent à se mettre tout le monde à dos en quelques mois. (et provoquer un flot de mutations)

Si tu n'as pas le respect des autres, si tu ne cherches pas à savoir pourquoi les bénévoles viennent travailler gratuitement (au cas par cas), tu as vite fait de mécontenter tout le monde.

Pour le coup de ta bénévole pas au top, lui proposer une formation, ça ne vaut pas d'y aller avec elle pour aller à la pêche de nouvelles idées à prendre. Parce qu'on en récupère toujours lors de ces formations, et c'est aussi l'occasion de faire des rencontres avec des collègues d'autres structures, de s'échanger des trucs et astuces.

Lui proposer de but en blanc une formation, c'est l'insulter, lui dire que son travail est mal fait. Y aller avec elle, récupérer des idées, voir ce qui est réalisable "ensemble", c'est acquérir et tenter de nouvelles expériences... Tant pis si elle ne change rien tout de suite, ça peut venir.

Modifier la signalétique, ça peut passer par la visite d'autres bibliothèques, ou juste d'aller prendre des photos dans d'autres bibliothèques. La comparaison suffira à expliquer ce qui ne va pas, ça permet aussi de reprendre le travail ensemble et de le personnaliser à l'image de la bibliothèque.

Peut-être de ne rien changer, ou de lancer une expérience, pour voir l'impact auprès du public.


Perso, je teste beaucoup. On teste un nouveau fonds manga, une nouvelle façon de présenter les rayonnages, de mélanger la doc adulte et enfants, de prêter plus de documents à ceux qui le souhaitent, etc.

On teste et on regarde.

Un(e) bénévole a une idée, on teste et on regarde.


Dans un cadre où il n'y a que des professionnels
Comme il a été dit (par Michmaa), c'est le chef qui a toujours raison. Et basta.


Pour le bénévole "de base", il y a trois problèmes :

1) Sa légitimité est évidente, elle ne se discute pas : il est là parce qu'il est "du village" et qu'il "connait" tout le monde. Et qu'il est soutenu par le Maire etc....


J'aurais dit ok, mais depuis quelques années, ce ne sont pas les gens du village, mais de nouveaux arrivants qui deviennent bénévoles.

Ils ne sont pas du village, ne connaissent pas tout le monde, ni le maire.
D'où l'utilité des cartes.

Ces bénévoles viennent pour rencontrer des gens, pour entrer en contact avec la vie du village et ne pas rester isolés.


2) Ses compétences sont tout aussi évidentes car légitimées par "le temps". Cela fait dix ans qu'il fait ça, donc ça marche très bien et il n'y a rien à changer. Sinon "on" lui aurait dit depuis longtemps...

Oui et non.
Mes bénévoles sont parfaitement conscientes de leurs limites.
Elles savent aussi que je fais des choses qu'elles ne peuvent pas faire (en particulier en informatique ;-) ), ou qu'elles en tiennent pas à faire (ouvrir tout un samedi par exemple, ou après les sorties scolaires)

Sans oublier que ça ne fait pas dix ans qu'elles sont là, pour nos dernières bénévoles.

Pratiquer le bénévolat, c'est aussi s'intégrer à la vie du village.


3) Tu es bien jeune pour parler si haut, et en plus tu n'es pas d'ici. Tu n'a été à l'école primaire avec personne du village, tu connais mal les commerçants, tu n'es pas la marraine du petit untel, ton arrière grand-mère ne repose pas dans le cimetière du village

Là, effectivement, je suis en position de force à ce niveau, même si je n'ai pas été à l'école primaire avec les gens du village, même si je ne connais pas assez les commerçants, même si je ne suis parrain de personne du village, et que mes grands-parents sont enterrés au Père Lachaise ou pas loin de Limoges.
Je suis en position de force, car je suis dans ce village depuis plus de trente ans... Bref, je ne suis pas de première jeunesse. Je suis dans la force de l'âge, comme on dit. ;o)


J'ajouterai en bonus le fait (que nous constatons actuellement sur le Réseau) que les bénévoles restent ancrées dans une optique Ma Commune + mon Maire, qui n'a plus cours.

Tu es sûr qu'il n'y a que les bénévoles et les élus ?

Vrai, notre intercommunalité est jeune.
Mais je n'ai nullement l'impression que les gens soient déjà à une idée qui n'a plus "cours".
Les élections vont les confirmer dans cette idée : Ma Commune + mon Maire.

Le jour où on ne votera plus que pour un président d'intercommunalité, là, l'idée "Ma commune + mon Maire" n'aura plus cours. D'accord.

Certes il y aura toujours des Bernard Majour (et c'est un hommage sincère que je lui rends et non une critique déguisée) pour réussir le Débarquement en Normandie et enfoncer les lignes allemandes, pour prendre une métaphore militaire.

Merci pour l'hommage.
En même temps, je fais partie de l'équipe de bénévoles depuis le quasi début.
La situation n'est donc pas identique à celles de beaucoup de professionnels qui arrivent de l'extérieur et que l'on impose à une équipe en place.

C'est encore plus vrai quand on sort tout frais d'un IUT, sans expérience de terrain ou de vie professionnelle. On n'a pas encore appris à composer avec les personnalités et les conflits d'intérêts & rivalités internes à une commune, ni avec tous les enjeux sous-jacents.

Là aussi, avec les années, j'ai acquis de l'expérience.
Et une certaine zénitude.

Je réfléchis toujours à minimiser les conflits.

Une carte de lecteur, par exemple, c'est utile pour un sourd, pour un papa qui vient à la place de la maman qui accouche. (il est rassuré, il a sa carte)
C'est utile pour un nouveau bénévole, ou un nouveau collègue (timide, ou qui n'a pas de mémoire des noms, ou...).

Quand j'embrasse la mamie, (que j'embrassais quand j'étais bénévole), je minimise un conflit à venir ou des exclamations indignés. Un bisou, c'est plus simple.
Certains peuvent se sentir exclus ou jaloux de cet acte, c'est vrai, mais je leur dis bonjour de la même façon. Avec le même plaisir de les voir.

Ça ne me gêne pas de voir des enfants mettre le bazar dans les livres, ou de voir un petit de trois ans faire des aller et retour des albums cartonnés et m'apporter à chaque fois un livre, parce que c'est sa façon, ou leur façon de découvrir la bibliothèque.
Les parents sont gênés, je souris.

Ça ne me gêne pas plus de passer un livre par pertes et profits parce que le chien l'a dévoré, ou parce que des grands ont piqué et brûlé le cartable d'un gamin avec le livre de la bibliothèque à l'intérieur, ou parce que la maison a été inondée, ou a subi un incendie... sans qu'il y ait remboursement du livre ou des livres.
Quand j'en pilonne 1000 par an, quand ce sont les usagers de la commune qui financent, où est la justification ?

Certes, si les gens le souhaitent, ils peuvent remplacer l'ouvrage par un autre. Peu importe le livre d'ailleurs. C'est histoire de marquer le coup auprès des enfants dans le cadre scolaire, pour qu'ils prennent soin des livres qui leur sont confiés. (Quand même) Mais je n'en fais pas une affaire d'état.

Comme pour les retards.

Fut un temps où on envoyait lettre de rappel avec AR, plus pénalité de 1 euro pour la lettre...
Les livres ne revenaient pas plus, ni plus vite. Et, on perdait le lecteur.

Quand je vois le nombre de collègues qui envoient des lettres au moindre retard.
Et le budget que ça représente au bout du compte... Je souris.
Jaune. Je souris jaune quand c'est assorti de pénalités, ou d'interdiction de prêt.

Ok, ok, on est dans l'application pure et dure du règlement.
Le fonctionnaire est droit dans ses bottes... mais est-il bien dans le cadre de ses missions culturelles ?

Pas de carte = pas de prêt.
Ou
Carte perdue = on paie, cher, un bout de plastique pour retrouver son droit à prêt.

Ça prouve quoi ?
Ça prouve que le fonctionnaire n'a pas réfléchi très loin. (myopie de réflexion ?)
Il n'a pas prévu les cas extrêmes, et pas si extrêmes que ça au final. Oui, une carte, on peut l'oublier, on peut aussi la perdre.

Pourquoi une carte de bibliothèque devrait-il être le seul moyen de prouver qui on est pour emprunter ? Alors même qu'on a été obligé de fournir un justificatif de domicile (sic) pour s'inscrire.

Est-il besoin de réclamer, instamment, un livre qui dort depuis des années dans les rayonnages, lorsqu'il rencontre enfin un lecteur ?

Est-ce pertinent de le réclamer tout de suite lorsqu'il est possible, dans d'autres bibliothèques connectées, de prolonger ses prêts via Internet ?

Est-ce plus rusé de prendre son téléphone et de demander à la personne si elle veut qu'on prolonge les livres, plutôt que de lui envoyer un courrier timbré (avec le coût du timbre impacté sur le budget de la bibliothèque, + la lettre, + l'impression du papier) ?

Je me suis posé ces questions, dans le cadre de mes missions.

J'ai obtenu des réponses qui ne sont pas celles des autres collègues, ni celles préconisées par le règlement de la bibliothèque.

Fort de ces conclusions, j'ai éliminé d'office le rappel à un euro, contreproductif, et supprimé l'article correspondant dans ledit règlement. (Sans passer par le conseil municipal, un des avantages d'être en bibliothèque municipale associative)

Je ne cours pas/plus après les retardataires (ils se punissent déjà en n'utilisant par leur abonnement), même si je les appelle... quand j'ai le temps.
Je souris toujours lorsque les lecteurs s'excusent d'être en retard. S'ils trouvent que, quand même, ils sont fautifs, je leur propose un gage : faire le tour de la bibliothèque à cloche-pied.

Ok, en cas de réclamation forte d'un livre par un autre lecteur, je donne le coup de fil dès le début du retard, (s'il y a eu au moins deux demandes de l'autre lecteur sur cet ouvrage) et je le mets de côté dès son retour. Si la demande a été très très forte, je donne même un coup de fil au réservataire pour prévenir du retour.

Bilan, j'ai peut-être un ou deux livres dans ce cas ultime par an.
Avec le lecteur qui ne change pas ses habitudes de passage = il ne vient pas le lendemain.

Quand la plupart oublie même leur demande de réservation. (au bout de trois semaines, hein)
Mais bon, le service existe. Il est vraiment utile pour un lecteur sur cinq cents.  :)


Tu vois, je ne suis pas un surhomme, je n'ai pas non plus des talents de négociateur exceptionnel. Je ne cherche pas à convaincre, ni à imposer mes idées. J'expérimente.

Et si on me pose la question, je donne les raisons de l'expérimentation et ce qui en découle.
Oui, c'est plus rusé de téléphoner pour demander si la personne veut, ou non, que l'on prolonge ses livres. (à tous les points de vue, et je peux expliquer pourquoi)

Oui, c'est aussi plus cool d'aller au-devant des incohérences du règlement vis-à-vis de ses missions, bien plus zen d'éliminer les conflits avant qu'ils n'arrivent, et ne pas se mettre martel en tête quand ça ne fonctionne pas avec une certaine approche.

Le fait d'expérimenter, ça apporte aussi des preuves. (1000 livres pilonnés, pour 10 éventuellement perdus, avec 8 qui ressortent au bout de six mois. Evidemment, ils se planquent derrière les radiateurs ou sous les lits. Livres cachottiers, va. J'en ai plus de 30 qui se sont émiettés durant l'année)

Expérimenter, ça ouvre la porte à plusieurs approches différentes, certaines sans conflits.


Pour savoir si j'aurais bouté Rommel hors de l'Afrique, la réponse est oui. militaire%20(53).gif
Rommel lui-même savait que l'Afrique était une cause perdue.
Position intenable, flotte anglo-saxonne dominante en Méditerranée, ligne de soutien trop étendue en zone désertique, une perte de temps... même pour soutenir le partenaire italien, afin de ne pas montrer que l'armée de Mussolini était trop nulle face aux anglais.
Une perte de temps et de moyens, moyens qui auraient mieux servis sur le front russe.

45000 hommes, 320 chars... et la preuve que l'Allemagne peut être défaite.
Une pure perte, avec un renforcement considérable des anglais et la menace d'un débarquement sur toutes les cotes de la Méditerranée.


Ce qui ne veut pas dire que j'ai gagné la guerre dans ma bibliothèque.
Si certaines expérimentations ne fonctionnent pas, je changerai mon fusil stratégique d'épaule.

Merci pour cette réflexion Ferris.
  Bernard
 

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Ok. Zénitude, Ça ne me gêne pas de ..., expérimentation locale, bref, une gestion très personnelle de ta bibliothèque.


 


Tu vois, je suis un peu déçu de voir que tu restes à ce point centré sur ton vécu. Moi qui ne travaille pas vraiment "en direct" avec les bénévoles, je tente des réponses et des questions sur le sujet car les bénévoles, de près ou de loin, ça concerne tout le monde et ça risque même d'en concerner de plus en plus. Pas seulement pour des raisons économiques mais parce que tous les réseaux intercommunaux finiront par avoir à gérer en parallèle des structures pros et des structures mixtes. Ce qui posera bien un problème d'uniformisation des règles du jeu. Je t'imagine mal en réseau (je ne parle pas des réseaux actuels faits d'unités distinctes ayant comme seul dénominateur commun le partenaire BDP.) expliquer à un collègue dans ta situation, et à d'autres, que des petites structures rurales éloignées de quelques kilomètres pourraient, voire devraient, travailler de façon aussi personnalisée.


 


Et je remarque que pour les fonctionnaires, anciens bénévoles, ou fonctionnaires "détachés" comme Giss, qui se sont exprimés sur le sujet depuis le début, l'opinion globale sur le forum depuis que Bouille a lancé le sujet, reste assez mitigée. Beaucoup de questions et d'anecdotes laissent apparaître un vrai désarroi et des situations de blocage ou de résignation.


 


La question des cartes a permis de faire rebondir le sujet sur l'aspect "citoyen" de nos attitudes ou non, et par là même sur le sens du service public, bien menacé aujourd'hui . Et tu continues, malgré les témoignages de beaucoup, à accumuler les exemples de traitement personnalisé des problèmes, d'expérimentation locale, de minimisation des situations à conflit ou simplement difficiles, et d'argumenter sereinement sur des situations d'exceptions qui seraient justifiées par un sorte de bon sens évident. 


 


Tu me diras que c'est ton vécu et que tu en parles, ce qui est plus que normal. Mais il y a des moments où il faut peut-être élargir un peu le débat. Décidément la diversité des bibliothèques françaises était déja bien grande, mais avec les structures bénévoles on atteint un sommet. Difficile de définir une profession qui s'illustre par tant de disparités. Et encore plus de la défendre et de la prétendre unie. L'opinion générale est que nous ne sommes pas des gens sérieux. Que notre activité n'est pas un vrai métier. Il y a très longtemps que des gens se battent pour ça. "Droits dans nos bottes" et dans nos certitudes réglementaires un peu bébêtes ? La notion de service public est pourtant unificatrice. Nos bottes, c'est peut-être tout ce qui nous restera de commun. Mais là...


 


Bon enfin, tant pis. On va pas en faire un fromage...Tu sais, je ne crois pas que tu aurais bouté Rommel hors d'Afrique. Parce que tes bénévoles n'auraient pas été d'accord sur la tactique à employer !  :tongue: 


 


​Salut Bernard !


 


Désolé d'apprendre que tu fais partie des "gens dans la force de l'âge". En général c'est justement vers cet âge là que ton médecin commence à te demander d'un ton soupçonneux si tu as pensé à  faire une coloscopie, par sécurité....et qu'en attendant il aimerait bien vérifier l'état de ta prostate par un petit toucher rectal. Et là, tu vois, si c'est un copain du village, eh bien le doigt dans l'oigne, c'est plus gênant que si c'est un inconnu de la grande ville.


Enfin ça dépend de votre degré de proximité relationnelle évidemment...et puis il faut tester !  :D 

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Ok. Zénitude, Ça ne me gêne pas de ..., expérimentation locale, bref, une gestion très personnelle de ta bibliothèque.

Une expérimentation locale de ma bibliothèque. Oui.

 
Tu vois, je suis un peu déçu de voir que tu restes à ce point centré sur ton vécu.

Je n'ai pas non plus trop le choix  :wink:

Je pourrais, bien sûr, te parler des chicaneries entre bénévoles qui ont fait exploser la bibliothèque dans une des communes voisines. Trop de bénévoles, deux clans qui se sont opposés jusqu'à la destruction de la bibliothèque bénévole... alors que la bibliothèque municipale, elle, végétait, avec deux fois moins d'adhérents. Parce qu'il n'y avait pas un professionnel à bord, mais une secrétaire de mairie placée là en défaut.

Tu as aussi la main mise d'une personne sur "sa" bibliothèque, où il n'y avait que les amies de cette personne... avec là, une véritable exclusion de tous les autres volontaires au bénévolat... ou même des professionnels qui viendraient pointer leur nez.

Je comprends bien ton idée d'un réseau global (et moi je l'attends encore plus global, avec échange au minimum national par le biais d'internet. Vive Agorabib)... sauf que tu oublies un point de détail majeur : les bénévoles, c'est du local.
Un bénévole n'ira pas travailler dans une autre commune parce qu'il y a besoin.

D'ailleurs, un professionnel ira-t-il filer un coup de main à des collègues dans le besoin ?
Sur ses jours de travail ?
Sur son week-end ?

Et pour des collègues bénévoles, il ira ?

La réponse est de plus en plus douteuse.

La mentalité n'y est pas.
Et je le vois d'autant mieux dans l'idée que la quasi totalité des bibliothèques font payer une cotisation (l'Unesco, c'est la gratuité), pratiquent la discrimination communale (en contradiction avec les lois européennes) et ont des règlements "au coin vilain lecteur", puni, puni, puni... alors même qu'il y a baisse de fréquentation.

Il y a un blême dans le tuyau !

Ce ne sont pas les bénévoles qui ont ces pratiques. Ce sont les professionnels eux-mêmes.

Tu leur fournis des preuves, la gratuité c'est 50 % de population inscrite, ce n'est pas grave, ils continuent à défendre bec et ongles un service payant (payant et cher dans certaines communes.)

Avant de regarder les difficultés qu'il y aura à gérer des bénévoles (locaux), il me semble capital de revoir le violon des professionnels... de voir s'ils sont prêts à appliquer ce qu'ils édictent eux-mêmes. (ou si leurs édits, c'est du papier bulle)

Tu veux savoir si c'est facile de travailler avec des bénévoles ?

Oui, ça l'est quand on est prêt à les laisser gérer une partie du boulot.
Quand on accepte d'endosser qu'une partie du travail sera mal fait (d'un point de vue professionnel)
Ça veut dire abandonner une partie de ses prérogatives, ça veut dire qu'on devient conseil et renfort, plus que dirigeant de l'action.

Ça veut aussi dire accepter d'être responsable devant la tutelle, pour les actions des bénévoles. Et être responsable, c'est mettre la tutelle face à ses responsabilités, et à ses choix.

Dans le cas de Giss, par exemple, ça veut dire faire remonter à la tutelle que le budget est insuffisant pour qu'elle puisse remplir ses missions.
Et pas question que la tutelle s'en sorte en disant que c'est à gérer avec l'équipe bénévole. La réponse est claire, le budget est insuffisant, c'est à la tutelle de prendre ses responsabilités. Plutôt qu'au professionnel de rentrer en conflit avec les bénévoles.

On devient conseil et renfort, mais pas bouc émissaire et responsable des choix ou non choix des élus.

Ça, combien de professionnels sont prêts à l'accepter.
Une pilule bien lourde à digérer.

Un peu comme quand les Bdpistes passent dans ta structure et te proposent de l'aide pour l'aération du fonds, et que tu leur dis : non merci, je gère.
Ils font un peu, beaucoup la tête.

Conseil et renfort, ça veut dire accepter de ne pas être maître... et de laisser faire.
Tant pis.

Mais d'être prêt à prendre la main dès qu'il y a carence, ou demande de soutien.


Ce qui posera bien un problème d'uniformisation des règles du jeu. Je t'imagine mal en réseau (je ne parle pas des réseaux actuels faits d'unités distinctes ayant comme seul dénominateur commun le partenaire BDP.) expliquer à un collègue dans ta situation, et à d'autres, que des petites structures rurales éloignées de quelques kilomètres pourraient, voire devraient, travailler de façon aussi personnalisée.

Mais les petites structures rurales le font déjà, ce travail personnalisé. :-)
Et il y a des professionnels à bord.

Je ne leur explique rien, ils gèrent à leur façon, et moi à la mienne.
Je n'ai pas d'échos qu'en intercommunalité, ça se passe différemment.

Est-ce que, intercommunalité oblige, tu as un droit de regard sur ce qui se passe dans les bibliothèques autour de chez toi ?
Tu sais ce qui s'y passe ?

S'y pencher demande du temps, beaucoup. Et le temps est denrée rare pour tous.

C'est pareil avec un bibliothécaire itinérant qui circule sur 6 à 8 communes.
Il n'a absolument pas le temps de se pencher sur le local.

De même, on reste à un niveau personnalisé "local" lorsqu'on sélectionne des livres dans un relais BDP. Des livres qui correspondent aux demandes des lecteurs de la commune.

Uniformiser les fonds, c'est pratique dans un réseau, c'est juste désastreux lorsqu'il s'agit de continuer une pol doc locale ou de prendre en considération les aspirations des ruraux et des citadins, en décrétant que ce sont les mêmes.

Le local, tu en auras toujours.
Ou alors tu auras Internet.

La question des cartes a permis de faire rebondir le sujet sur l'aspect "citoyen" de nos attitudes ou non, et par là même sur le sens du service public, bien menacé aujourd'hui . Et tu continues, malgré les témoignages de beaucoup, à accumuler les exemples de traitement personnalisé des problèmes, d'expérimentation locale, de minimisation des situations à conflit ou simplement difficiles, et d'argumenter sereinement sur des situations d'exceptions qui seraient justifiées par une sorte de bon sens évident.

Par une remise en cause du règlement. Oui.
Dans une certaine mesure.

J'expérimente et je regarde ce que ça donne.

Un règlement, ça se remet en cause (surtout quand on le réécrit). On vérifie s'il est toujours valide, s'il est possible de faire mieux, s'il est possible de corriger les problèmes rencontrés.

Oui, je sais, c'est plus pratique de ne rien toucher. On applique la procédure sans se poser des questions. (comme tu le dis  lorsque tu parles de "certitudes")

Sauf que moi, je n'ai pas de certitudes.
En réalité, j'en ai une : c'est moi en banque d'accueil.
Moi qui gère la personne qui refuse de payer son 1 euro de retard et qui fait un esclandre, moi qui devrais faire les gros yeux aux retardataires plutôt que d'en sourire. Moi qui devrais pousser une gueulante parce que le gamin est un peu bougeant.


Pour quel gain, Ferris ?

Des personnels qui ne veulent plus aller en banque d'accueil (en particulier un bénévole effrayé par la réaction des gens).
Des personnels qui en ont marre de recevoir tel ou tel lecteur chiant, alors que cette personne est en recherche d'autre chose (une fois qu'on la connaît).

Pour quel gain, Ferris. Voilà ce que je poserai comme question si on était à plusieurs professionnels : qu'est-ce qu'on y gagne ?

A chaque élément d'un règlement commun, je poserai la question - le jour où ça va arriver  : qu'est-ce qu'on y gagne ?

Et je serai plus pernicieux, je demanderai : qui traite les conflits ?
Où est son numéro de téléphone ?


Et tu continues, malgré les témoignages de beaucoup...

Bien sûr.
Pourquoi, je devrais me taire et ne pas présenter ce qui marche chez moi ?

Pas sûr que ça fonctionne ailleurs et dans d'autres situations, mais pourquoi devrais-je me taire ?

(D'autres peuvent y trouver à boire et à manger pour leur propre cas)

Parce que c'est difficile pour certains ?

Parce qu'Islampunk trouve anormal que des bénévoles obtiennent un poste sans formation aucune, lorsque lui s'est formé durant deux ou trois années.

Mais je peux te donner les parcours de quelques bénévoles rencontrées au cours de mes propres formations BDP.

L'une d'elles, dix ans de bénévolat en solo, avec promesse par la municipalité d'être embauchée... un jour. (ce jour est venu au bout de douze ans)

Une autre, bénévole pendant là aussi plus de huit ans, a qui on a enfin offert 10 heures par semaine... lorsqu'elle en fait déjà 20.

Une autre a qui on a fait miroiter le poste si elle se formait.
Elle s'est formée, et le poste a été offert à quelqu'un d'autre.


Il ne faut pas croire, le bénévolat ce n'est pas toujours l'Eden simple et tranquille qu'il y paraît.
Frais de déplacement non remboursés, utilisation du véhicule personnel pour les prêts/retours en BDP, achats de livres perso et dons à la bibliothèque, c'est le lot commun de plusieurs bénévoles.

Le bénévolat, c'est un engagement.

Je te passe encore les demandes d'augmentation de budget ou juste pour une animation, qui sont refusées... parce qu'il n'y a pas de sous, ou parce que c'est plus facile de le refuser à des bénévoles (qui vont bien se débrouiller toutes seules, n'est-ce pas)

Les bénévoles n'ont même pas la pression de "leurs missions à exécuter" pour renvoyer la balle aux élus, en les mettant devant une évidente impossibilité de faire.

Et des remerciements ?
Nada !

Aux voeux du personnel ?
Jamais invités.

Service bibliothèque, service public pourtant.
Mais la reconnaissance pour les bénévoles, elle est nulle dans la totalité des cas que je connais.

On n'en parle jamais.

Et de ça, bon nombre de bénévoles en souffrent.
Comme du mépris de beaucoup de professionnels qui les considèrent comme de la petite piétaille sans valeur. (Cas vécus, vus, lus et reconnus dans les appellations ou classement de bibliothèques.)

Or, combien de jeunes diplômés sont capables d'accepter un poste payé 20 heures et d'en faire 40, pour que ça marche.

Sans rechigner et sans reconnaissance ?

Non, le bénévolat ce n'est pas toujours facile ou idyllique.

Si tu ne prends pas en compte ces paramètres, tu vas vers le clash.

Ou vers les difficultés, c'est certain.


Difficile de définir une profession qui s'illustre par tant de disparités. Et encore plus de la défendre et de la prétendre unie.

Tant que les professionnels regarderont les bénévoles comme de la piétaille (et je reste poli), on pourra prétendre à, espérer, rêver, l'unicité.

Il y a très longtemps que des gens se battent pour ça.

Oui, chez moi, quinze ans de lutte pour obtenir un poste salarié.
Et la même histoire partout dans les communes alentour.

Grâce à des bénévoles, des postes salariés.
Grâce à la pression de bénévoles engagés, des postes salariés.

C'est pour ça que je remercie mes bénévoles tous les ans, lorsque je souhaite mes voeux aux élus et à tous les services municipaux.

Et je n'oublie pas celui et toutes celles qui sont passés dans ma structure pour permettre cette embauche.


L'opinion générale est que nous ne sommes pas des gens sérieux.

 

Préjugé pour s'autoflageller ?

Ce n'est pas l'opinion que mes usagers ont de mon travail, en particulier lorsqu'il s'agit de recherche d'information.

Ce n'est pas l'opinion que j'ai des collègues professionnels ou bénévoles.
Ni celle que j'avais avant de travailler en bibliothèque. Au contraire.

"Droits dans nos bottes" et dans nos certitudes réglementaires un peu bébêtes ?

Tu cherches la bagarre militaire%20(5).gif
J'ai pas dit bébêtes, j'ai dit à améliorer (pour le confort de l'usager, et surtout pour celui du bibliothécaire)

La notion de service public est pourtant unificatrice.

Sauf en ce qui concerne les bénévoles ?
C'est ça ? militaire%20(10).gif
 

:)

Bon enfin, tant pis. On va pas en faire un fromage...Tu sais, je ne crois pas que tu aurais bouté Rommel hors d'Afrique. Parce que tes bénévoles n'auraient pas été d'accord sur la tactique à employer !

Je suis conseil et soutien, on aurait bouté Rommel hors d'Afrique.
On l'aurait même embauché dans notre armée, parce que les nazis, il ne les aimait pas non plus.

  Bernard
 

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