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Intervenir en Prison


Hélène Bib

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Avec le groupe ABF "Bibliothèques d'établissements pénitentiaires" , nous travaillons actuellement à un Médiathème sur le sujet....


Nous souhaiterions y intégrer une sorte de "FAQ" sur les questions que l'on peut se poser avant d'intervenir en prison ou d'engager un partenariat....


Alors si vous avez des questions....allez-y !! Dites nous !!


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Bonjour,


 


Ne connaissant que de très loin les bibliothèques en milieu pénitentiaire, le sujet m'intéresse beaucoup et mes connaissances sont très faibles. Mes premières questions tableraient surtout sur le comment :


- à qui et à combien de personne demander l'autorisation


- quelles règles faut-il respecter lorsque l'on s'y rend (enlever systématiquement ses bijoux ou que sais-je ?)


- comment constituer un fond pour ce type de public (quelles sont les demandes, doit-on censurer des choses comme Mesrine ?)


- quels sont les partenaires potentiels qui pourraient nous aider à développer des ateliers/animations/médiation ?


 


Et puis, tout ce qui a trait à la sécurité en général : comment sécuriser la bibliothèque au sein de la prison, comment réagir en cas de conflit entre deux détenus, des gardiens sont-ils perpétuellement avec le bibliothécaire qui intervient ?


 


Voilà pour les premières questions qui me viennent, à moi, pauvre néophyte :sweat:


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Bonjour,


 


J'ai travaillé en bibliothèque en milieu pénitentiaire et je peux donc répondre à certaines questions. 


Tout d'abord, il faut préciser qu'il existe différents modes de gestion des bibliothèques selon les endroits : il peut s'agir de la BDP , de bibliothécaires territoriaux travaillant au sein de la commune où est installé le centre pénitentiaire (en  Ile de France, il n'y a pas de BDP dans les départements de petite couronne) venant une à deux fois par semaine, mais aussi d'associations. Les interlocuteurs au sein de la prison sont l'administration pénitentiaire et les Services d'Insertion et de Probation (SPIP) qui sont en charge de l'action culturelle dans les centres de détention.


 


La première règle évidente pour intervenir en prison c'est d'avoir un casier judiciaire vierge. Ensuite, concernant  les règles de sécurité pour pénétrer dans l'enceinte de la prison, on ne peut pas introduire de téléphone portable ni d'ordinateur (donc les laisser à l'extérieur où généralement des casiers sont prévus pour).   A chaque fois que l'on entre, on dépose ses affaires sur un tapis roulant pour qu'elles soient scannées et on passe des portiques de sécurité comme dans les aéroports avant de pénétrer en zone d'embarquement.


 


Pour la constitution du fonds, l'idée c'est de proposer la même offre qu'à l'extérieur donc pas de différences si ce n'est pour les collections jeunesse : les mineurs peuvent être incarcérés à partir de 14 ans et il faut prévoir aussi des livres d'éveil pour  bébés (les femmes enceintes au moment de leur incarcération accouchent et gardent leur enfant en cellule jusqu'à ses 18 mois). S'il y a censure, elle est décidée par l'administration pénitentiaire  (où je travaillais, les seuls ouvrages censurés était le catalogue de manufacture des armes et le livre de Mesrine qui était régulièrement demandé par les usagers).


 


La sécurité des batiments et donc de la bibliothèque  est l'affaire de l'administration pénitentiaire qui est bien évidemment très sensible et très stricte sur ce sujet. Pour l'instant, il n'y a pas d'accès internet autorisé pour les détenus. Dans mon cas, il n'y avait pas de gardien dans la bibliothèque et j'étais enfermé dans la bibliothèque avec les lecteurs.


 


Pour les partenariats et les financements, les Services d'Insertion et de Probation (SPIP) contribuent et on peut faire appel aux habituels (DRAC, CNL). Beaucoup d'auteurs et d'associations interviennent en prison, ils peuvent contactés soit par les SPIP directement, soit par les bibliothèques.

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Bonsoir,

Merci pour ces premières participations qui montrent que nous sommes sur la bonne voie concernant notre sommaire et le contenu du futur médiatheme !

Nous essaierons d'y présenter clairement le fonctIonnement de l'administration pénitentiaire , les personnels avec lesquels on travaille lorsqu'on intervient, les questions de sécurité , de fonds, de censure....des exemples de logiciels à utiliser, la question de la formation des auxiliaires , des exemples de conventions.....du "très pratique" nous l'espérons !

Plusieurs témoignages devraient également illustrer l'ensemble !

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J'ai intervenu en prison lors de mon premier emploi (et mon mémoire de fin d'étude s'y consacrait). Pour répondre à la question des éventuels conflits, j'ai remarqué personnellement que les détenus (hommes ou femmes) étaient d'une très grande courtoisie à notre égard : nous ne faisons pas partie de l'administration pénitentiaire, nous ne sommes pas le "méchant" surveillant, nous sommes "l'extérieur" et du coup les rapports sont très cordiaux. La prison, plus qu'ailleurs, c'est la loi de la carote et le baton ; la bibliothèque, c'est la carote, et ils font attention à ça.


Par contre effectivement, c'est egalement l'endroit propice aux échanges et petits trafics... Tout comme la cour de promenade ou autre. Ce n'est pas toujours confortable de savoir quoi faire dans ces cas là.

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Faire un point aussi sur les partenaires dans ce genre d'actions, pour mon expérience personnelle :

Le SPIP

La Ligue de l'Enseignement

La DISP

 

et peut être aussi un lexique car la première fois que j'ai vu dans un compte-rendu qu'on parlait des PPSMJ, je suis resté perplexe (même si google m'a sauvé)

 

Pour ce qui est de la censure, pour le coup, nous c'était libre, y compris les bios de criminels / bandits qui cartonnent, y compris un peu d'érotisme.
Pas mal de poésie aussi, demandée par les détenus, sources d'inspirations pour les lettres aux conjoints.

 

Pour ceux qui n'y sont jamais allé, il est possible (voire souhaitable) de demander à l'administration pénitentiaire une mini formation d'une demi-journée sur ce qu'il faut faire ou ne pas faire (demander à un détenu ce qu'il a fait, prendre du courrier pour l'extérieur, etc.)

Les bibliothécaires (et pas que) ont un vrai rôle à jouer dans les prisons si on considère que les détenus quoi qu'ils aient fait reste des êtres humains et si l'on croit (comme moi) que la culture ouvre l'esprit et rend meilleur.

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J'y connais rien mais par rapport à un fonds "traditionnel" j'imagine que les détenus ont des besoins documentaires spécifiques; Caramel vient d'en évoquer certains, je me demandais est-ce que les détenus ont des demandes spécifiques en Droit et en autoformation?


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Bonjour à tous,


 


nous avons efftivement prévu de faire un point sur les partenaires (et dictionnaire des sigles ;-)


Une partie sera consacrée à la politique documentaire , pour répondre à Pigranelle, il est également important de connaître les différents régime de détention (maison d'arrêt, centre de détention ou centrale) car les demandes varient en fonction....Par exemple, concernant l'autoformation, il y aura peut être plus de demandes et d'attentes en CD (centre de détention) car les détenus sont là pour plus longtemps et ont tendance à davantage s'investir dans une formation plus longue....


Prendre en compte, selon les établissements et les régions, les détenus ne maîtrisant pas la langue et proposer des ouvrages d'apprentissage


En droit, Code civil, Code de procédure pénale dans toutes les bibliothèques....


Et evidemment poser la question d'Internet et de la place du Numérique en prison parce que c'est indispensable de nos jours...


 


Merci à tous pour vos contributions !


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Pour les partenaires, nous avions, là où j'étais, des bénévoles étudiants. Ce devait être une association d'étudiants qui intervenait - problème : ce n'était que pendant les périodes scolaires.


Et j'avais beaucoup travaillé avec les enseignants qui donnaient des cours en prison ; en échange, je les ai un peu aidé avec leur CDI, et on a pu travailler conjointement : tel livre irait mieux en bib, ceux-ci plutôt au cdi.


Dans l'ensemble, il faut vraiment récupérer toutes les bonnes volontés, et il y en a !


Et ne pas oublier les quartiers isolés qui nécessitent des traitements différents : Quartiers d'isolements, et les quartiers disciplinaires...


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Ah, et j'avais également téléphoné aux ambassades : Nous avions beaucoup de russes et de turcs, j'ai téléphoné et demandé si l'on pouvait avoir des livres en turc et en russe pour nos détenus. Les russes n'ont pas été super sympa, mais l'ambassade turc par contre a été très sensible a ma démarche, et m'envoyait 1X par semaine des journaux en turcs.


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