Lul Posté(e) le 2 septembre 2014 Share Posté(e) le 2 septembre 2014 (modifié) Je viens de lire un article qui parlait de la méconnaissance (mais j'irais jusqu'à interprêter "du désintérêt") des instits en terme de littérature jeunesse. Je constate vraiment réglièrement, et suis navrée de ce constat, qu'effectivement, une partie des instit, même de ceux qui viennent avec leur classe, considère la lecture (d'albums en particluier) comme un "loisir d'école"/"loisir éducatif". Il m'est arrivé, comme à d'autres, j'imagine, d'avoir des classes proprement intenables, avec un instit qui s'en bas'les'c, parce que c'est la sortie bibliothèque, et que donc, c'est une sortie, et que donc, c'est pas lui qui fait la loi. J'ai trouvé que, par rapport à ce que j'imaginais, peu d'instit montrent un réél intérêt à la littérature jeunesse. Une des anecdotes qui m'a choqué, c'est lors d'une journée professionnelle sur un salon de littérature jeunesse, journée spéciale instit. La salle était comble, et toute la matinée a été un enfer, parce que ces messieursdames faisaient un boucan de tous les diables, se racontant leurs vacances, et que je te montre les photos de la petite dernière qui fait caca sur le pot et blablabla, alors qu'on avait une intervention hyper intéressante sur la représentation des genres dans la littérature jeunesse, un truc, qui, me semble-t-il, aurait du passionner les professeurs des écoles (comprennez : qui m'aurait passionné si j'avais été instit). Il n'y avait vraiment aucun respect de l'intervenant, on aurait dit 200 élèves de maternelles à une conférence de Michel Onfray.L'aprèm, c'était beaucoup mieux, parce qu'ils étaient pour moitié partit.Mon propre père, un des MEILLEURS instits au MONDE (la vérité, c'est mon père..) me disait : ah ouii, oui, mais bon c'est pâââss nôôôôôn pluuus euuuh.... Bref. Je suis déçue. Peinée. Perclue de douleurs dues à l'absence de l'enthousiasme infaillible de nos (ex?) plus fidèles alliés, sponsors officiels de notre légitimité*. Du coup, je me demandais (au cas où, un jour, que j'espère très prochain, je sois de nouveau au public) : menez-vous des actions "de formation" (ou autres) spécialement avec les instits ? Pensez-vous que cela fasse partie de notre "rôle"? D'autant qu'avec la mise en place de la réforme... *On a récemment arrêté de desservir un dépôt, suite à la demande de la municipalité d'un petit village qui en avait marre de mettre du personnel municipal à notre disposition juste pour "des livres". On s'est dit : Mamamia, keski vont dire les instit, juste avant la mise en oeuvre des NAP... Ben rien, ils ont rien dit que "ça fera moins de rangement à faire". Donc même pour un instit, on sert à rien. Cool. Modifié le 2 septembre 2014 par Lul Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ferris Posté(e) le 2 septembre 2014 Share Posté(e) le 2 septembre 2014 (modifié) Tout d'abord tu n'es pas perclue de douleurs mais percluse de douleurs. Chez nous nous avons assez rapidement refusé les passages de classes "consumeristes" pour proposer des actions "partenariales", c'est à dire des passages de classes où l'instit doit s'investir dans un projet commun avec nous, sur des thématiques. Un passage à la bib ça se prépare en classe et à la bib avec l'instint, et il y a aussi un suivi en classe après le passage. Du coup la demande de passages a beaucoup diminué. Par contre ceux qui restent sont évidemment motivés et donc réceptifs à ce que nous pouvons leur apporter. Dans cette optique il est évidemment hors de question que l'enseignant (qui reste officiellement l'intervenant ayant le savoir pédagogique, d'après l'inspection académique) ne connaisse pas la bibliothèque et ses fonds. Hors de question aussi qu'il nous abandonne sa classe en termes de discipline etc...Nous avons à cet effet mis en place une convention, à approuver et signer par le directeur de l'école. A ce niveau ton anecdote de classes intenables et d'un instit qui s'en bat les couettes (c'est bien le sens du "c." que tu as omis de terminer je suppose ) n'est pas une évidence : il doit conserver la maîtrise de sa classe. Il m'est arrivé une fois de renvoyer une instit de ce genre. Bon, la pauvre était remplaçante et ne maîtrisait rien du tout, ni mômes ni contenus et n'était venue que parce que c'était "sur le planning". Et en plus j'ai téléphoné illico à sa directrice pour mettre les choses au clair. A l'occasion des préparations à ces passages, on fait évidemment découvrir à l'instit des auteurs et des collections, qu'on lui prête par ailleurs. Mais on ne peut pas parler d'une "formation", simplement d'une découverte progressive, au fil des thématiques qui seront abordées dans l'année (et les années suivantes). Nous n'avons pas les moyens matériels de monter des "actions de formation" comme on propose des stages dans une BDP par exemple ( ). Mais si nous le pouvions je crois que nous serions prêts à le faire. Il est certain que la formation des enseignants ne comporte pas grand-chose sur la littérature jeunesse. Mais nous ne sommes pas des pédagogues non plus. Dans un partenariat, l'apport est réciproque. Je ne dirai donc pas que c'est "notre rôle", mais que c'est notre intérêt, commun. A nous d'apprendre aussi ce qu'est un projet pédagogique mené sur l'année par un enseignant...et de tâcher de nous inclure la-dedans. Les écoles ne sont pas nos plus fidèles alliés ni les sponsors de notre légitimité, ce sont ou des partenaires au même titre que d'autres groupes ou associations, ou des consommateurs/emprunteurs de documents comme d'autres types de lecteurs et de groupes. Une bibliothèque dont l'activité ne serait plus orientée que vers les classes deviendrait illégitime. Chez nous, la BDP considère dailleurs cela comme le point limite et cesse de desservir des points-lecture qui n'ont plus que cela comme activité, considérant que les bibliothèques ne sont pas là pour remplacer des BCD absentes ou défaillantes. Et elle a raison. le "mépris" des instits vis à vis des bibliothèques, je l'ai vécu il y a longtemps, mais il faut reconnaître que nous leur rendions un peu la pareille, en rentrant dans une dialectique facile de la lecture plaisir versus la lecture utilitaire. Dieu sait combien j'ai pu entendre de ces débats aussi stériles que pédago-vaseux . Aujourd'hui, c'est fini. Les deux s'harmonisent très bien. Suffit de s'y mettre. Quand nous recevons un groupe de gamins via l'école, nous recevons des "élèves" inscrits dans un parcours pedagogique. Le reste du temps nous recevons des "enfants". Et ce sont pourtant les mêmes. On a simplement changé de paradigme... Modifié le 2 septembre 2014 par Ferris Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Hbdp39 Posté(e) le 3 septembre 2014 Share Posté(e) le 3 septembre 2014 Serait-il possible d'avoir les références de ce fameux article?Quand on fréquente un peu les étudiants en ESPE, on sait effectivement que la formation à la littérature jeunesse n'est pas, et de loin, la priorité. A leur décharge, leur programme de formation est déjà très chargé. Certains quand même s'y intéressent et cherchent à apprendre. Par exemple, dans notre comité de lecture jeunesse, la documentaliste ESPE arrive régulièrement à nous amener des étudiants (qui ne restent pas malheureusement, car ils sont en général nommés trop loin). Et il est vrai que systématiquement leur regard est "utilitaire" ("cet album est intéressant à utiliser pour..." "avec cet album, on peut aborder tel ou tel domaine avec les élèves"...). Mais il y a de l'espoir : au comité, les conseillers pédagogiques en retraite mettent en général deux ou trois ans pour abandonner leurs habitudes utilitaires ;-)) ! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ferris Posté(e) le 3 septembre 2014 Share Posté(e) le 3 septembre 2014 (modifié) Le cursus d'inscription ESPE passe par des masters (MEEF) d'où la littérature de jeunesse est loin d'être absente http://www.u-cergy.fr/fr/formations/schema-des-formations/master-lmd-XB/sciences-humaines-et-sociales-SHS/master-metiers-de-l-enseignement-de-l-education-et-de-la-formation-meef-pratiques-et-ingenierie-de-la-formation-litterature-jeunesse-formations-aux-metiers-du-livre-et-de-la-lecture-pour-jeunes-publics-program-f06-121.html . Les choses sont effectivement en train d'évoluer, notamment à travers des parcours communs à l'enseignement et à nos métiers, ce qui était loin d'être le cas il y a quelques années. Modifié le 3 septembre 2014 par Ferris Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Vasistas Posté(e) le 4 septembre 2014 Share Posté(e) le 4 septembre 2014 Bonjour, Les conseillers pédagogiques de la circonscription nous ont demandé de faire deux interventions pour les enseignants.Une à propos des documentaires dans le cadre de leur module "science", et une sur les albums dans le cadre de leur module "maternelle". Trois heures par intervention.C'était très riche de partager et de passer nos connaissances. Ces rencontres ont permis de mieux connaître les particularités et le terrain du travail de chacun (est-ce que cette phrase est claire ???) et surtout, d'aller de l'avant pour des projets communs. Rapprochez-vous peut-être d'un conseiller pédagogique. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ferris Posté(e) le 4 septembre 2014 Share Posté(e) le 4 septembre 2014 (modifié) Chez nous le conseiller pedagogique assiste à la réunion de début d'année scolaire avec les enseignants concernés et valide le projet, en lui donnant parfois une "assise pedagogique" plus claire, mais il faut bien reconnaître que c'est la seule fois de l'année où nous le voyons. Nous sommes également relais du CRDP qui envoie des documents aux instits, via la bib centrale. Nous ne jouons là qu'un rôle de boite aux lettres mais cela permet de maintenir le contact, y compris avec des enseignants non participants qui viennent chercher les documents réservés au CRDP. @Vasistas.S'il y a travail de terrain, il y a effectivement un terrain de travail, la phrase est claire Modifié le 4 septembre 2014 par Ferris Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bibliopathe Posté(e) le 9 septembre 2014 Share Posté(e) le 9 septembre 2014 En tant que bibliothécaire, je m'éclate mille fois plus avec une classe dont l'instit est motivé, concerné et avec qui on a préparé sa visite (sur un thème particulier par exemple).Bref, c'est épanouissant, c'est certain. Toutefois, et sans me faire l'avocat du diable (hi hi), je ne pense pas que refuser des instits qui sont là juste pour se détendre et glander devant Femme Actuelle pendant que je gère leur classe soit la solution. Tentant, certes mais bon... Parce qu'au final, ce sont les enfants qu'on cible. S'ils ont la malchance d'être tombé sur un prof qui se fout de la littérature jeunesse et des ressources documentaires qu'offre une bibliothèque, on ne va pas les pénaliser encore plus en ne recevant pas la classe. Au contraire ! Cette séance là, je la soigne encore plus et généralement, ça se passe très bien. Et quand tu as deux ou trois trolls qui reviennent le week-end avec le papa ou la grande soeur pour s'inscrire, tu te dis que tu n'as pas perdu ton temps... Enfin perso, la majorité des enseignants que je reçois est intéressée et a un projet (je rappelle que je n'ai pas d'actions dans l'Education nationale et que je n'ai pas de membres de ma famille dans l'Education nationale). Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ferris Posté(e) le 9 septembre 2014 Share Posté(e) le 9 septembre 2014 Tu as de la chance parce que les actions de l'Education Nationale sont en baisse. La Bourse s’affole... Sérieusement, tu minimises ! Pour l'avoir vécu, je te jure qu'il est impossible de faire passer un message positif sur la bibliotheque, le ludique, le plaisir, tout ce que tu veux et que je veux aussi, dans un bordel monstre du style Foire du Trône un jour de grand vent : les enfants sont en récréation. Parce que l'instit ne les a pas préparés à autre chose, donc ils courent partout (un pédago-crétin dirait qu'il s'approprient le lieu ces chers petits). Du coup tu te retrouves avec deux ou trois bons élèves autour de toi mais tu ne peux pas leur causer de grand chose parce qu'il faut rassembler et surveiller les autres. Aucun message ne passera. Aucun. Je vais te citer une anecdote VECUE en région parisienne : deux gamins jouaient à se faire des passes, au pied, avec un album tout carton. Tu fais quoi dans ces cas là ? Tu t'extasies sur leur esprit créatif ? Tu déclares à l'instit en minaudant que ça tombe bien parce que sont des albums tactiles ?Non! tu fous tout le monde à la porte et fissa ! Si l'instit est un consommateur il arrivera bien vite que je sois en situation de faire la pute ! On peut pas appeler ça autrement. Y a des limites. Donc, réunions, projets, conventions et respect des règles : le conseiller pedagogique le rappelle lui-même : l'enseignant doit rester maître de sa classe en toutes circonstances. Ah, y a des collègues qui utilisent le chantage : si vous ne vous calmez pas, il n'y aura pas d'histoire à la fin de l'heure. (oui, on raconte une histoire en fin de visite...). Avec les plus petits ça marche. Avec les autres, tintin. Maintenant tu fais ce que tu veux, si c'est le Carnaval de Rio à chaque passage, je crois plutôt que c'est ça qui pénalisera réellement les enfants. Quant à notre (pauvre) image de marque, je te dis pas.... Ceci dit tu peux te recycler dans la Pénitenciaire Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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