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Fonds érotiques en bibliothèques


Ingrid82

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Bonjour à tous,

 

Je sais que le sujet a déjà été évoqué il y a quelques années mais je voudrais avoir une vision réactualisée du genre érotique en bibliothèque (constitution du fonds, valorisation, médiation à travers des animations). Je suis en train de construire une formation sur le sujet pour les bibliothécaires de notre réseau et je trouve intéressant pour elles, d'avoir un retour des expériences des collègues. Si vous avez des fonds érotiques dans votre bibliothèque ou avez connaissance de bibliothèques qui en mettent à disposition de leurs publics je suis preneuse. J'aimerais bien prendre quelques minutes pour discuter directement avec des bibliothécaires qui ont une expérience dans la valorisation et la médiation de ce type de fonds.

Votre aide me sera précieuse !

Je vous remercie par avance.

Ingrid Fernando

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Quelques articles sur le Net :

https://www.livreshebdo.fr/article/sex-see-librarian-collections-erotiques-en-bibliotheque

https://bbf.enssib.fr/tour-d-horizon/pour-publics-avertis_65854

 

En gros, tout le monde semble d'accord sur le fait qu'il y aurait un avant et un après '50 nuances de gris".  On peut dailleurs en discuter car je n'ai pas attendu 2013 pour acquerir Emmanuelle" (publié initialement en 1959 !)

 

De là a créer un fonds spécifique, dans un endroit spécifique, comme la célèbre bibliothèque Charlotte-Delbo, au cœur du 2e arrondissement de Paris, avec une signalétique rose vif qui indique, au fond de la salle, la collection "Eros". (Romans, BD, documentaires, revues, fanzines entre autres, près de 500 documents à emprunter.) il y a une marge.

 

Et cette marge, qui est surtout dans la démarche, on va ou pas la retrouver dans la Charte des acquisitions, approuvée par les élus ou non etc..., dans les reactions du public aussi, ainsi bien sur qu'une mention au Règlement intérieur et éventuellement une signalétique appropriée. Personnellement j'ai toujours rangé ces ouvrages en littérature générale avec interdiction de prêt aux mineurs. Y mettre aussi les revues, bd etc...ne me parait pas approprié, vu la faiblesse numérique de ces fonds.

 

Voir le fonds Eros https://www.paris.fr/pages/la-bibliotheque-delbo-le-coin-chaleur-de-votre-hiver-18944

 

Et puis on s'arrête où ? Une phrase est particulièrement intéressante sur le site l’on se prend à rêver d’une étagère supplémentaire consacrée au cinéma, qui proposerait tant des classiques de l’érotisme que des incursions de grands cinéastes dans le genre, ou encore d’un fonds de livres audio....

Modifié par Ferris
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Bonjour,

 

Il y a une petite dizaine d'années j'avais initié dans ma bibliothèque de l'époque la constitution d'un fonds erotique.

J'avais été aidé pour ça par un libraire spécialisé.

On avait essayé de balayer large du roman de gare d'Esperbec aux nouvelles erotiques de La Fontaine.

Celà avait plutôt bien marché, bien aidé je pense par les automates de prêt.

Les livres étaient signalés par un "bisou" sur la tranche et melangés dans le fonds classique.

Malheureusement, après mon départ une grande partie de ce fonds a été desherbé. Sous pretexte que celà ne sortait pas assez, ce qui était faux, quand bien même on laisse sa chance à un nouveau fonds.

Dans ce genre d'initiatives, il faut se méfier malheureusement de la pudibonderie de certains collègues.

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Beaucoup de collègues se donnent bonne conscience en achetant des "classiques", ce qui leur donne une sorte de caution morale. C'est en cela que 50 nuances de gris, qui n'est pas un classique, représente une rupture. Acheter le marquis de Sade, Choderlos de Laclos, Apollinaire, Nabokov et autres Anais Nin, ne porte pas à conséquence.

 

Mais il est vrai que ces "classiques" sortent assez peu.

(il y en a 46 recensés sur Babélio https://www.babelio.com/liste/785/Les-classiques-de-lerotisme )

 

Aller sur l'érotisme actuel est une autre affaire. Acheter Esperbec, qui est aussi la meilleure vente ces dernières années du rayon littérature érotique est un geste important. Aller regarder de près les catalogues de La Musardine, est à risques.

 

Renouveler le fonds classique avec des oeuvres contemporaines, pour le rendre plus attirant, me parait une meilleure solution que de mettre au pilon les classiques en question.

 

A lire sur ce sujet un excellent article https://www.madmoizelle.com/maisons-edition-livres-erotiques-893125

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Bonjour,

Je vous remercie pour ces réflexions tout à fait pertinentes. Je vous rejoins complètement dans votre analyse. Je pense effectivement que les classiques sont une valeur refuge mais ils ne sont pas suffisants. Cela correspond à une époque, un contexte, ils ont une valeur de témoignage mais n'attirent pas les lecteurs et surtout lectrices (si on se fit aux statistiques des adhérents en bibliothèque) qui ne recherchent pas ce genre de lecture. Elles sont bien souvent, soit paillardes, soit avec un érotisme violent et morbide, soit avec des fantasmes typiquement masculins. La littérature actuelle est plus variée, innovante parfois et certainement plus attrayante mais je crois que les bibliothécaires n'osent pas en acquérir. La sexualité est pourtant un sujet, comme un autre. Il y a également le sujet des jeunes (16-25 ans on va dire), qui ont eu une éducation sexuelle à l'école mais bien souvent la sexualité n'est abordée que sous l'angle sanitaire (se préserver des maladies, d'une grossesse non désirée et des mauvaises expériences sans consentement). Le repère le plus accessible pour eux reste la pornographie sur internet mais on ne peut pas dire que ce soit un bon moyen de faire son éducation sexuelle... Il y a aussi les réseaux sociaux mais on trouve de tout et beaucoup de fausses croyances. J'écoute souvent des podcasts sur le sujet et je n'entends jamais les intervenants citer la Bibliothèque comme moyen d'accéder à des informations fiables et de lire des fictions positives et ouvertes à toutes les sexualités. C'est fort dommage ! 

Je viens de créer une association pour proposer aux femmes des ateliers d'écriture érotique autour de la découverte d'oeuvres littéraires et artistiques et d'une discussion sans tabou sur la sexualité. Et bien la banque a refusé de m'ouvrir un compte sous pretexte que l'objet de mon association était un motif d'exclusion ! Dans l'objet il y a les mots Erotisme, sexualité et libido. Beaucoup de témoignages autour de moi me font conclurent que l'on est entré à nouveau dans une ère de pudibonderie dangeureuse à mon sens. Il y a deux ans j'ai voulu faire remonter sur notre portail web, les documents du "genre érotique" dans une partie réservée aux différents genres que l'on a dans nos fonds, mais j'ai eu une réponse négative (la raison est que c'est trop risqué, des enfants pourraient tomber sur les notices bibliographiques...). Bref c'est pas gagné ! Les collègues bibliothécaires qui osent proposer des fonds mais aussi des animations sont courageux ! Mais je les en remercie car ils contribuent à déculpabiliser les gens (comme 50 nuances de grey, quoi qu'on pense de sa valeur littéraire). Par exemple, si ma bibliothèque organise des lectures coquines pour la saint-valentin, me propose l'été une sélection de romances érotiques, ou un atelier d'écriture autour du corps, de la sensualité et du plaisir, je me sentirai enfin autorisée à lire ces ouvrages et même à en demander d'autres au bibliothécaire. Bien souvent ces ouvrages qui parlent des corps, de la sensualité, des plaisirs charnels, de la diversité des sexualités et expériences érotiques, sont achetés sur internet.

Si ça intéresse certains collègues, j'ai constitué une bibliothèque érotique sur Babelio avec diverses étiquettes pour les trier plus facilement https://www.babelio.com/monprofil.php?id_user=1199920

Les classiques sont présents mais je me suis attachée à montrer la diversité éditoriale du "genre" (je n'aime pas classer ces livres dans un genre érotique car bien souvent, les auteurs ne les ont pas écrits avec cette intention).

Bien à vous

Ingrid

 

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Julie Greub-Dapozzo

Bonjour,

Je réponds volontiers à votre demande. Nous sommes un bibliobus actif dans un milieu rural, en Suisse.

Nous n'avons pas créé de fonds "Erotique" à proprement parler, en revanche nous identifions nos romans avec des étiquettes de genre (historique, terroir, suspense, feel good etc.) et également avec le genre "Erotique". Visuellement chaque roman porte l'étiquette avec le genre au dos du livre. Nos romans sont classés par auteur, mais cette indication permet de visualiser facilement le genre du livre en question.

Notre catalogue en ligne permet aussi de rechercher par genre, vous pouvez voir ici notre collection avec le genre "Erotique": https://opac.bibliobus.ch/NetBiblio/search/shortview?searchType=Extended&Filter.Predefined=Seulement+doc+physique&Filter.UserDefined4Code=EROT

Nous trouvons ce système pratique car les lecteurs peuvent choisir "sans demander", ce qui est apprécié surtout pour le genre Erotique ;-)... Et bien sûr ces documents sont en prêt réservé aux adultes.

 

Quant au choix, nous avons plutôt des titres récents, genre 50 Nuances, After etc., mais très peu de "classiques". Il y a eu un gros effet de tendance après 50 Nuances, avec pas mal de publications et donc de demande pour ce genre de littérature. Cela dit nous constatons que depuis 1-2 ans les prêts sont en diminution pour ce genre de littérature.

 

Nous n'avons pas intégré dans notre collection les titres érotiques pour les plus jeunes (il existe une collection, publiée par la Joie de lire je crois?, destinée aux 15-20 ans) car cela nous semblait plus problématique/délicat. Mais nous sommes conscients que cela peut aussi faire partie d'une réflexion (peut-être à aborder dans votre future formation?).

 

Je reste à votre disposition si vous avez besoin de précisions !

Bien cordialement,

 

Julie

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Il y a 2 heures, Julie Greub-Dapozzo a dit :

Bonjour,

Je réponds volontiers à votre demande. Nous sommes un bibliobus actif dans un milieu rural, en Suisse.

Nous n'avons pas créé de fonds "Erotique" à proprement parler, en revanche nous identifions nos romans avec des étiquettes de genre (historique, terroir, suspense, feel good etc.) et également avec le genre "Erotique". Visuellement chaque roman porte l'étiquette avec le genre au dos du livre. Nos romans sont classés par auteur, mais cette indication permet de visualiser facilement le genre du livre en question.

Notre catalogue en ligne permet aussi de rechercher par genre, vous pouvez voir ici notre collection avec le genre "Erotique": https://opac.bibliobus.ch/NetBiblio/search/shortview?searchType=Extended&Filter.Predefined=Seulement+doc+physique&Filter.UserDefined4Code=EROT

Nous trouvons ce système pratique car les lecteurs peuvent choisir "sans demander", ce qui est apprécié surtout pour le genre Erotique ;-)... Et bien sûr ces documents sont en prêt réservé aux adultes.

 

Quant au choix, nous avons plutôt des titres récents, genre 50 Nuances, After etc., mais très peu de "classiques". Il y a eu un gros effet de tendance après 50 Nuances, avec pas mal de publications et donc de demande pour ce genre de littérature. Cela dit nous constatons que depuis 1-2 ans les prêts sont en diminution pour ce genre de littérature.

 

Nous n'avons pas intégré dans notre collection les titres érotiques pour les plus jeunes (il existe une collection, publiée par la Joie de lire je crois?, destinée aux 15-20 ans) car cela nous semblait plus problématique/délicat. Mais nous sommes conscients que cela peut aussi faire partie d'une réflexion (peut-être à aborder dans votre future formation?).

 

Je reste à votre disposition si vous avez besoin de précisions !

Bien cordialement,

 

Julie

Je vous remercie pour votre témoignage. Je ne connais pas la collection pour les jeunes dont vous parlez. Je connais en revanche la collection "L'ardeur" de chez Thierry Magnier, qui est une collection qui propose des romans pour les plus de 13 ans qui abordent les thèmes du désir, de la sexualité mais de manière positive. C'est évidemment très soft donc pas d'inquiétude pour les aquérir et les proposer dans le fonds d'une bibliothèque.

Avez-vous déjà proposé des animations autour de ces thématiques ?

Je viens de regarder votre fonds, c'est très actuel ! Bravo. Il m'avait semblait que les collègues suisses avaient moins de tabou peut-être qu'en France. Je ne connaissais pas certains titres. Je vais les ajouter à ma bibliothèque Babelio ! Merci :)

Modifié par Ingrid82
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Julie Greub-Dapozzo
Il y a 22 heures, Ingrid82 a dit :

Je vous remercie pour votre témoignage. Je ne connais pas la collection pour les jeunes dont vous parlez. Je connais en revanche la collection "L'ardeur" de chez Thierry Magnier, qui est une collection qui propose des romans pour les plus de 13 ans qui abordent les thèmes du désir, de la sexualité mais de manière positive. C'est évidemment très soft donc pas d'inquiétude pour les aquérir et les proposer dans le fonds d'une bibliothèque.

Avez-vous déjà proposé des animations autour de ces thématiques ?

Je viens de regarder votre fonds, c'est très actuel ! Bravo. Il m'avait semblait que les collègues suisses avaient moins de tabou peut-être qu'en France. Je ne connaissais pas certains titres. Je vais les ajouter à ma bibliothèque Babelio ! Merci :)

Merci Ingrid pour votre retour ! Oui vous avez raison, c'est bien la collection "L'ardeur" à laquelle je pensais, pardon pour la confusion.

Non, nous n'avons pas fait d'animations autour de la littérature érotique, dans notre environnement rural où tout le monde se connaît dans les villages on sent que ce serait un peu délicat... mais qui sait ?

Contactez éventuellement mes collègues de Vevey qui avaient fait une sélection sur les sexualités il y a qqs années, elles vous répondront certainement volontiers : https://biblio.vevey.ch/Default/agendaarchives.aspx

Ils avaient organisé une soirée sur l'érotisme à l'occasion de la St-Valentin en 2020 je crois.

Bonne journée !

 

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Le 05/07/2023 à 10:14, Ingrid82 a dit :

Elles sont bien souvent, soit paillardes, soit avec un érotisme violent et morbide, soit avec des fantasmes typiquement masculins. La littérature actuelle est plus variée, innovante parfois et certainement plus attrayante mais je crois que les bibliothécaires n'osent pas en acquérir. La sexualité est pourtant un sujet, comme un autre.

 

Effectivement tu poses un peu la question actuelle du sexisme. Nos classiques sont sexistes. Ce qui est assez mal vu actuellement. Non, la sexualité n'est pas un sujet comme un autre. Il y a donc du ménage à faire...

 

Je te félicite pour avoir créé ton association mais la réponse de ta banque est assez claire : "la banque a refusé de m'ouvrir un compte sous pretexte que l'objet de mon association était un motif d'exclusion ". C'est une réponse hypocrite et bien dans l'air du temps.

 

Il faut se rendre à l'évidence: la famille et surtout l'école ne s'occupent plus de l'education sexuelle, qui inclut aussi le plaisir. En France cela date des années 70 (1973 je crois) et n'a jamais été appliqué de fait.

 

Definition actuelle (unesco 2018): 

L'éducation sexuelle complète inclut trois dimensions symboliques : celles du rapport au corps (le sien et celui des autres), aux savoirs et à la loi (« trois dimensions communes au sexuel » qui encadrent l'éducation à la sexualité dans les programmes scolaires, en lien avec l'éducation à la santé et au bien-être, en respectant l'enfant et l’adolescent pour, grâce à une information et une communication de qualité, les aider à passer plus facilement et en sécurité de l'enfance à la vie adulte, et pour l'aider dans ses choix vers le bonheur, dans le respect des droits de l'homme et l'égalité des sexes. Elle porte sur les premiers sentiments, l'amour, le plaisir, le désir, l'orientation sexuelle (hétérosexualité, homosexualité, bisexualité, asexualité...) et identité de genre, les premières relations sexuelles, le consentement, les préservatifs, la contraception, l'oubli de pilule, le dépistage des IST, le traitement post-exposition, ainsi que sur la majorité sexuelle, l'abus sexuel et la violence sexuelle, ou encore sur la prévention et la consultation gynécologique.

 

Bon, les bibliothèques sont aussi des lieu d'apprentissage du civisme, de la citoyenneté et de la non discrimination. Nous avons donc un rôle à jouer.

 

Sinon, il reste les films porno ? Qui eux ne sont pas un motif d'exclusion ?

 

En tous cas Organiser une soirée sur l'érotisme à l'occasion de la St-Valentin, comme Julie, ça c'est rentrer dans le vif du sujet, concrètement et sans fard. Bravo ! Reste effectivement la question, justement posée par Julie, de l'environnement rural où tout le monde se connaît dans les villages on sent que ce serait un peu délicat...

 

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